Le premier album des Italiens s'intitule In Tenebra, et ce à plus d'un titre car il gagne probablement à être écouté dans l'obscurité. En effet, ce In Tenebra est tout sauf linéaire, sans pour autant brusquer l'auditeur : il n'est pas question de Grind ici mais de Dark/Prog assez hypnotique à l'écoute duquel on se laisse bercer comme sur les méandres d'un fleuve mystérieux. Cette impression d'hermétisme est renforcée par des vocaux au phrasé particulièrement théâtral, avec une mention spéciale pour « The Fallen » - présent en deux versions, anglaise et italienne - où le chant, aux allures d'invocation et d'interpellation, mène indéniablement la barque. Tout groupe de Prog qui se respecte doit être en mesure d'afficher une production à la hauteur et ALEPH n'a pas négligé cet aspect et les bassistes en particulier apprécieront d'entendre nettement leur instrument préféré, lui conférant la place qui lui est due. « Unfaithful » navigue entre deux eaux, celles plus tumultueuses d'un Heavy/Thrash - dont la mélodie des riffs ainsi que le chant évoquent par moments ICED EARTH - et d'autres, plus calmes, mais aux courants profonds, d'un Prog lorgnant parfois vers le Jazz, sur lesquelles les musiciens témoignent d'une belle technicité. « Depths » est plus en douceur, malgré quelques riffs acérés, avec un chant particulièrement envoûtant. Les compos de ALEPH sont riches plus qu'elles ne sont complexes et jamais l'auditeur ne perd le fil (de l'eau). « Mother Of All Nightmares » est plus agité, plus tumultueux puisque dans un courant Heavy surnagent des accords mineurs et des nappes de clavier aux accents Black. Sur le titre éponyme, chuchotements, guitare acoustique et piano nous plongent définitivement dans un univers Dark. Un Thrash aux tonalités slayeriennes, avec toujours ici et là des vagues Prog, finit par prendre les devants sur « Acid Tears ». Au final, on finit par se demander qui est maître à bord mais ALEPH fait montre avec ce premier album d'un réel potentiel qu'il s'agit désormais de canaliser.