D.R.I. (usa) - But Wait... There's More! (2016)
Label : Beer City Records
Sortie du Scud : 10 juin 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Crossover
Type : EP
Playtime : 5 Titres - 9 Mins
"C'est juste une poignée de titres pour prendre la température. On n'a rien sorti depuis si longtemps qu'on voulait d'abord voir si ça valait le coup de tenter quelque chose".
Kurt Brecht s'adresse ainsi aux confrères des Blabbermouth, et je dois avouer que l'homme a le sens de l'euphémisme.
Depuis longtemps ?
Oh, tu parles, une paille. Mec, votre dernier album officiel, Full Speed Ahead date quand même de 95, alors oui, on peut dire que vingt et un an, c'est quand même "longtemps". Mais comme on vous connaît et qu'on vous aime depuis 83, on vous pardonne, puisque tout est relatif.
Mais c'est plutôt futé de revenir par la petite porte après tout.
Depuis 1995, une pelletée de trucs ont vu le jour. Oh, évidemment, des compiles, des splits, quelques live, enfin la routine quoi. Vous avez multiplié les side-project dont PASADENA NAPALM DIVISION n'est pas un des moindres, mais vous avez tourné. D'ailleurs, tu le précises aussi ça Kurt, c'est sur la route que le blé rentre le plus.
Quoique je doute que ça soit votre obsession majeure...
Dans les 80's, D.R.I, c'était du Hardcore, tendance politisé et radical. Et puis, au tournant des modes, c'est devenu une machine de guerre Crossover. Un album comme 4 Of a Kind, personne ne l'a oublié. Alors vous avez continué sur cette voie.
Mais depuis les choses ont changé, vous avez vieilli.
Alors évidemment, on vous retrouve Kurt et Spike, fidèles au poste, en compagnie d'Harold Olmoen (basse, depuis 99) et Walter Ryan (batterie, depuis l'année dernière), et on constate aussi que vous avez légèrement regardé en arrière pour votre retour.
Un EP, c'est cool, neuf minutes, c'est court, surtout avec un ancien morceau retravaillé pour l'occasion. Mais on prend ce qu'on nous donne, et on s'éclate, c'est le but. En ouvrant tout de même un petit peu les yeux sur la société actuelle, que vous dénoncez comme vous l'avez toujours fait.
Déjà la pochette est haute en couleurs. Elle raille avec bonheur ces putains de pubs qu'on bouffe à longueur de journée et qui nous fracassent les oreilles en nous vantant telle ou telle marque de lessive, des plans d'épargne ou des shampoings censés nous laver les cheveux sans nous abimer les yeux. Kurt parle d'ailleurs plus ou moins de ce morceau, "As Seen On TV", comme une extension de son boulot/fun avec les PBD. Il affirme en outre que les nouveaux textes sont parmi les meilleurs qu'il a pu écrire. Et on veut bien le croire. Mais la musique dans tout ça, parce que c'est au moins aussi important que les lyrics non ? La musique elle, opère une sorte de virage mais sans demi-tour.
Elle se souvient des débuts Fastcore, sans renier ou jeter à la poubelle ce son de guitare si Thrash qu'on aimait dans les mid eighties. Alors ça donne un mélange plutôt intéressant, mais surtout, hyper efficace. Moins Crossover, plus Core, sans pour autant occulter ce passé glorieux qui leur avait permis de vendre pas mal de disques en plus.
Mais je ne suis pas certain que les chiffres soient une obsession pour eux.
Le son est ample, grave mais un peu sec, et les guitares mordent à pleines dents. Le chant de Kurt est toujours aussi juvénile, avec cette pointe d'ironie gueularde sur les fins de vers, et la gratte de Spike pique toujours autant. Cool.
Alors, sont-ils toujours les mêmes imbéciles ?
Ils ne l'ont jamais été et se montrent toujours aussi affûtés et intelligents qu'il y a trente ans. Ce But Wait...There's More ! est une jolie façon de faire "coucou" à leur public en proposant quelque chose de neuf et pas une énième compilation, ni un paquet cadeau bonux lâché à la hâte pour partir en tournée.
On y retrouve le classique "Couch Slouch", moins radical évidemment que son modèle original, et qui rappelle d'ailleurs un peu DISCHARGE tant le son est grave. C'est beaucoup moins rapide, plus Crust que Core, mais on prend, parce que ça fait partie de l'histoire.
"As Seen On TV", déjà joué en live passe très bien la barre aussi, et annonce une suite qu'on pressent déjà euphorique, mais bien relevée. On y retrouve l'esprit caustique et railleur de la bande, sur une rythmique qui ne ralentit jamais, et surtout ce phrasé de chant inimitable qui s'accorde fort bien des tronçonnages de Spike.
Deux gros morceaux quand même, dans tous les sens du terme, avec l'introductif "Against Me", qui en dit long sur la philosophie, et qui lui aussi cavale à bonne vitesse, pas plus rapidement que 4 of a Kind ou Thrashzone, mais qui rassure sur l'envie.
"Anonimity", laisse plus de place à la basse, accélère légèrement, mais garde le cap. Rien de bien neuf pour ce matériel neuf, mais du bon, en tout cas, de quoi remettre le pied à l'étrier et les slogans sur les banderoles.
Un bon son, de l'attitude, et puis...D.R.I
Qu'attendre de ce groupe d'autre que ce qu'il propose depuis des débuts et son virage Crossover des mid 80's ? Rien d'autre que ce qu'il fait, et c'est déjà très bien.
Si la réponse à cette nouvelle sortie est satisfaisante, nous aurons sans doute droit à quelque chose de plus conséquent et là est l'essentiel.
Alors non, vous ne verrez pas de pub à la TV pour vanter les mérites de cette sortie, mais vous vous en moquez, puisque si vous êtes fan de D.R.I, vous ne regardez pas la télé.
Vous écoutez des disques. Et celui-là, aussi bref soit-il, comme le monde qu'il décrit, n'a pas fini de tourner.
Ajouté : Jeudi 27 Octobre 2016 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: DRI Website Hits: 6655
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