MARTYR DEFILED (uk) - No Hope, No Morality (2014)
Label : Siege Of Amida Records
Sortie du Scud : 29 avril 2014
Pays : Royaume-Uni
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 43 Mins
Pour ça, il eut fallu davantage de jugeote. Trop tard, MARTYR DEFILED est fiché. Cliché ambulant, paradoxe encombrant, symptôme du virage délirant vers le monde merveilleux du Deathcore, ce groupe pourtant si prometteur se décompose à vue d'œil. Je vais sur Google, je clique sur "Images", tape "méthamphétamine", et j'ai un aperçu violent, effrayant, de l'évolution physique de ces anglais, qui ne savent plus ou ils vont ni qui ils sont. Le visage bouffi, le teint terne, de l'agressivité dans le regard, des illusions aussi, celles d'un lendemain meilleur qui ne s'offrira pas jambes ouvertes à MARTYR DEFILED. Après Collusion, bouillon de Brutal Death délicieusement corsé, la formation caressait du bout des doigts l'espoir d'embrasser une belle carrière. Mais pour ça, il eut fallu davantage de jugeote.
C'est ainsi que nous en arrivons à No Hope, No Morality, un deuxième full-lenght qui porte merveilleusement bien son nom. Inutile d'évoquer la parenthèse In Shadows, j'en ai encore des aigreurs. Passons directement à la purge, qui ne peut qu'être libératrice. A moins que Lucifer n'ait pas vraiment d'emprise sur "LVCIFER" ? A moins que les démons n'aient pris congé de "Demons In The Mist" ? Auquel cas on va passer 43 minutes à écouter leur charabia ? J'en ai peur, d'autant plus que si ce Deathcore éminemment "urbain" dispose d'une agressivité à faire pâlir de jalousie un ANNOTATIONS OF AN AUTOPSY, il se distingue également par un sens du breakdown huileux et du riff djenteux totalement singulier ("Sineater"). Le chant est vomi, craché, crié, sans qu'on comprenne s'il y a un, deux, trois chanteurs ou plus. Ce dont on est sûrs, en revanche, c'est qu'il n'y a pas de bassiste. Pas plus que de l'inspiration. Amputé de plusieurs membres juste avant la sortie de cet album, incapable de communiquer correctement sur son line-up, MARTYR DEFILED entretient un flou structurel qui n'arrange en rien le flou créatif de No Hope, No Morality. Parfois, au détour d'une décélération impromptue, de vieux relents Brutal Death ressurgissent comme autant de fantômes qui vous suggèrent de faire une croix sur ce passé. Ces visions ne durent que quelques secondes, le temps pour Matthew Jones de se passer la main dans les cheveux puis de beugler ses textes sous un hachis de riffs groovys et transpirants. Sorte de WHITECHAPEL extrémiste qui cherche un sens à sa vie (et quel beau symbole au lendemain de la sortie d'Our Endless War), l'opus poursuit sa course tête baissée avec la joie de vivre du condamné à mort, débitant banalité sur banalité en attendant la vue de la potence. Quelques créations mieux arrangées s'en sortent sans trop de dégâts ("Of Sheep And Swine", "Neverender" avec cet ersatz de chant à la Oli Sykes et la pas-trop-chiante "616"). Pour le reste, c'est vogue la galère, et je ne cesserai jamais d'évoquer la douce émotion provoquée par "Archae", qui ponctuait avec spleen et bonnes vibes l'œuvre de Collusion. Le seul vrai moment de musique au sein d'une discographie qui, après l'eau de boudin, n'aura pas de forme moins gracieuse à adopter.
De Charybde en Scylla, il y a un désert artistique que MARTYR DEFILED visite avec beaucoup d'intérêt. Et puisqu'il leur fallait absolument un souvenir de ce no man's land, autant faire les choses en grand et y enregistrer un album. Si le premier était largement acceptable, le deuxième ne parviendra même pas à fissurer le Grand Mur de la médiocrité. Trop banal, trop cliché, deathcoreusement insupportable. Mais au moins, eux entretiendront avec conviction le mythe (plus vraiment mythe) du Deathcore dans son costume le moins élégant. Celui qu'on n'oserait même pas glisser, de nuit, en rase campagne, dans un bac de collecte pour vêtements usés.
Ajouté : Samedi 08 Août 2015 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Martyr Defiled Website Hits: 5010
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