TAGADA JONES (FRA) - Dissident (2014)
Label : At(h)ome
Sortie du Scud : 17 février 2014
Pays : France
Genre : Punk / Hardcore
Type : Album
Playtime : 20 Titres - 65 Mins
Tel le Mélenchon du Punk / Hardcore, tribun autoritaire et provocateur, TAGADA JONES repart en meeting. Je leur laisse le soin de continuer à politiser le sujet, car finalement la comparaison s'arrête pour moi à ce côté grande-gueule qu'ils ont en commun. Pour la huitième fois, les Rennais débarquent dans les bacs avec leurs beaux nez rouges afin de proposer Dissident, un nouvel album qui fleure bon le lisier, le charbon et les chrysanthèmes. En arborant cette fois-ci un visuel un peu différent des fois précédentes, Niko ayant donné de son image, les JONES font clairement dans le matraquage, puisque de retour aux affaires seulement quatre mois après 20 Ans d'Ombre & De Lumière, une rétrospective-anniversaire auréolée d'un DVD live qui célébrait deux décennies de dénonciations, d'engagements, de hauts mais aussi de (très) bas. Et si le quatuor est plus actif aujourd'hui que jamais, c'est surtout parce que cette société dont ils égratignent le fonctionnement leur donne toujours plus de raisons de blablater.
Ce n'est pas pour nous déplaire. Car qu'on soit d'accord ou pas d'accord avec le propos de TAGADA JONES (ce qui n'est pas très important en fin de compte), chaque sortie du groupe, sans exception, est une bonne occasion de se gargariser sur leur Punk / Hardcore nerveux et coupant, pas loin d'être ce qui se fait de mieux dans nos frontières. Leur coup de griffe est bien établi, bien défini. On ne va rien redécouvrir avec Dissident. Pire encore, de par sa richesse, sa caloricité, on frôlera l'indigestion. Car entre les reprises, les invités (comme chez Arthur, toujours les mêmes tronches), les nouveaux morceaux, on se prend vingt titres dans la gueule pour plus d'une heure de braillements. Costaud quand même. Mais en même temps, TAGADA JONES est réputé pour cette philosophie du je-me-donne-à-fond, qui n'en est que trop respectable. Comme à chaque fois, chacun pourra se sentir concerné par tel ou tel morceau, car il y en a autant pour le keupon, le métalleux ou le coreux. J'ai eu un peu de mal avec "De l'Amour & Du Sang", annoncé comme l'un des tubes de l'opus qui, malgré ses chœurs et ses lalalala, sonne un peu creux. Mon instinct de métalleux s'est davantage mis en éveil à l'approche d'"Instinct Sauvage", de son riffing Thrash et de ses paroles déjà entendues quelque part. "Refuse, résiste". Idem pour "Vendetta", correspondant totalement à mon idée personnelle du hit selon TAGADA JONES. Les premiers morceaux de Dissident sont donc cruciaux, ce qui ne sera malheureusement pas le cas des suivants, qui tournent un peu en rond et versent dans l'anecdote. Seules par exemple les paroles universelles de "Tout Casser" suscitent l'amusent, car la rigueur et la nervosité de ces excités du bulbe n'est plus vraiment un facteur à découvrir. Instinctivement ou pas, les Rennais ont alors placé en bout de course tous leurs guests, peut-être afin d'attiser la curiosité de l'auditeur et de donner un ultime coup de fouet à leur album. Citons pêle-mêle Vincent (AqME) sur "Vivre", Guizmo (TRYO) sur la tranquille "Dernier Rendez-Vous" ainsi que quelques Enragés ; Poun (BLACK BOMB A) sur "Ni Dieu Ni Maître", Reuno et Phil (LOFOFORA) sur "On Ne Chante Pas On Crie", Buriez (LOUDBLAST) et Pépel (ex-TAGADA JONES) sur "Blasphème". Mais bordel de merde, où est donc passé Schultz de PARABELLUM ? Scandaleux ! Quant à la reprise de "Skin Ou Keupon" des légendaires TULAVIOK, alors là c'est carrément collector, car je crois que pas grand-monde ne comprendra le symbole de cette cover. Preuve aussi que Dissident, capable d'aborder des thèmes qui nous touchent tous, n'oublie pas d'où il vient et aura une caresse rectale pour le keupon vieille école.
Il y a énormément de bonnes choses dans cette œuvre, qui navigue entre le (très) bon et le (trop) classique, pour ne pas dire le moyen. On ne changera plus TAGADA JONES, et c'est justement pour cet excès d'engagement qu'on les aime. Pour ma part, j'ai le souvenir d'avoir été davantage marqué par Descente Aux Enfers au moment de sa sortie. Je trouve qu'il manque à Dissident ces temps forts musicaux qu'ont pu être "Cargo", "Zéro De Conduite", "Les Nerfs A Vif", "Les Compteurs A Zéro" sur des albums analogues. Mais ne vous inquiétez pas, amis contestataires, révolutionnaires. Ne boudez pas la colère qui vous bloque la gorge, car TAGADA JONES est plus que jamais fidèle à lui-même ! Après vingt ans, c'est tout ce qui compte pour vous.
Ajouté : Dimanche 24 Août 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Tagada Jones Website Hits: 7246
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