RUINTHRONE (it) - Urban Ubris (2013)
Label : Buil2kill Records
Sortie du Scud : 1er avril 2013
Pays : Italie
Genre : Power Metal progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 53 Mins
Urbi et orbi. A la ville et au monde. C'est depuis les balcons de Saint-Pierre que chaque année, le souverain pontife lance sa traditionnelle bénédiction pascale. Dans la foule dense, compacte, jusqu'à 12 poings se lèvent et contre-attaquent. Urban Ubris est une réponse romaine à des traditions enclavées au cœur de la capitale italienne. Après maintenant cinq ans d'existence et une démo (Leaden Field en 2008), RUINTHRONE en est arrivé à un stade où il fallait que ça sorte. Et comme d'habitude, c'est Buil2kill Records, en bon crevard, qui s'est jeté sur l'occasion. Il parait qu'elle fait parfois le larron. Alors on bave, on salive, on trépigne. Quelle trouvaille ont-ils fait ? Que nous réserve ce groupe fraichement débarqué ? S'il est vrai que dans ce souci de production frénétique, on retrouve quelques pépites et surprises, les sorties lisses et mornes, approximatives et timides pour être gentil, sont le pain quotidien de cette maison de disque et je parle en connaissance de cause.
Ceci étant dit, ce microscopique coup de gueule étant lâché, je peux l'avouer. Ce RUINTHRONE me plaît énormément. Non seulement car il est un étonnant coup d'épée visant à pourfendre la crasse qui s'accumule sur le Power Metal, mais surtout parce que sans être rétrograde, tout juste kitsch à quelques reprises ("Throne Of Your Ruin"), il est frais, éthéré, dynamique, simplement entrainant. Même si les guitares et la section rythmique tombent rapidement dans le cliché "cavalcade épique", il y a en Urban Ubris toute l'impétuosité d'une jeunesse décomplexée qui n'hésite pas à foutre ça et là des arrangements un peu futuristes, un peu sci-fi, pour enrichir et varier son disque. Ainsi, nombreux sont les morceaux qui cherchent à se démarquer par un motif, un tempo, un paramètre. C'est le cas d'un "Ocean Still Sings" tellement mélodique qu'il suffirait d'un rien pour quelle bascule dans le moyenâgeux. Mais c'est surtout l'apanage d'un "Another Cry" très surprenant dans son rôle de balade explosive et entêtante. RUINTHRONE est comme ça, procède par temps forts plutôt que par besoin d'homogénéité, ce qui rend son premier effort à la fois savoureux mais surtout extrêmement divertissant. Techniquement brouillon, encore un peu tendre, les Italiens ont cette capacité à sortir la tête de l'eau grâce à des compositions marquantes et baroques ("Dance Of Lights") mais surtout, par la classe d'un chanteur en état second. Honnêtement, sans cette rencontre avec Edoardo Gregni, je suis convaincu que ce disque aurait été plus pénible à digérer. Le garçon possède ce petit truc, cette voix épurée qui paradoxalement, le rapproche davantage d'un timbre clair typé Metalcore (WE CAME AS ROMANS ?) que d'envolées lyriques à la Tobias Sammet (EDGUY, AVANTASIA) ou Timo Kotipelto (STRATOVARIUS). Je sais pertinemment que ce rapprochement est incongru, déplacé même s'il s'agit d'un album de Power Metal (encore que cette étiquette n'est pas très représentative de leur style, trop fourni et progressif pour s'en satisfaire) mais elle est là et ceux qui sont tombés sur les récents exploits de Kyle Pavone (Tracing Back Roots) pourront en témoigner. En ce qui me concerne, leur relation s'arrêtera à ces coutures purement vocales.
Ne foncez pas tête baissée sur Urban Ubris. Il se pourrait que vous soyez déçus après tant d'éloges. Appréhendez, domptez, affinez vos affinités. Nous ne sommes pas sur un site de rencontre et RUINTHRONE ne joue pas sur le tableau de la séduction putassière. Sur ce que j'en ai perçu, ce premier effort m'apparait cependant relativement sincère en plus d'être bien joué. Alors j'ai fissuré le mur qui me sépare naturellement et me protège de la mascarade Power Metal pour en percevoir le côté le plus moderne et créatif. Et je dois avouer qu'il me sied bien.
Ajouté : Samedi 08 Mars 2014 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Ruinthrone Website Hits: 6258
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