ORDER OF ENNEAD (usa) - Order Of Ennead (2008)
Label : Earache Records / Pias
Sortie du Scud : 13 Octobre 2008
Pays : Etats-Unis
Genre : Blackened Death Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 36 Mins
Ah, la Floride ! Magnifique péninsule du sud des États-Unis. Ses centaines de kilomètres de sable fin et son climat subtropical humide attirent par convois les touristes qui viennent se déverser sur sa côte et son archipel : les Keys. L'équilibre économique de cette belle putain, sur laquelle des corps étrangers viennent s'avachir par millier, repose également sur ces deux autres mamelles que sont les agrumes et un certain Metal que les spécialistes disent « de la mort ». Déesse de plaisir rassasiant de sa poitrine merveilleuse nos sens : le toucher, le goût et l'ouïe.
Cette région longtemps mouvementée, théâtre de guerres violentes, baignée dans le sang des amérindiens puis de leurs bourreaux, les colons français et espagnols, est un terreau fertile pour les groupes de Death Metal. Plus particulièrement la ville de Tampa, dont l'orthographe évocateur prédétermina peut être le goût prononcé de certains de ses autochtones pour l'hémoglobine. Cette localité fut le berceau de formation de renommée, entre autres DEATH, CANNIBAL CORPSE, DEICIDE, OBITUARY et MORBID ANGEL. Beau palmarès pour une ville de la taille de Nantes ou de Nice !
Ces jeunes fougueux ont fait de la ville, qui attire les retraités du nord du pays, la capitale mythique du Death Metal Américain.
Le climat, l'alimentation vitaminée, leur offre une énergie peu commune qui transpire dans leur musique rapide et agressive.
Nourris de la spiritualité de leur région (87 % de la population s'y déclare croyante) ils s'adonnent avec dévotion au culte de la Faucheuse et de Satan. Le développement des sectes (au sens américain du terme, non connoté péjorativement comme en français.) étant important aux États-Unis, certains d'entre eux développent un mysticisme plus spécifique. C'est le Cas de ORDER OF ENNEAD, dernier né de la ville dont l'album éponyme sort chez Earache cet automne. Ennead est un mot de la mythologie égyptienne qui désigne le panthéon divin composé des neuf dieux à l'origine de la création. Sous ce nom prétentieux se cachent 4 musiciens : Steve Asheim, batteur de DEICIDE, Kevin Quirion à la guitare, Scott Patrick à la basse et le jeune prodige John Li, soliste à la 6 cordes.
C'est avec une certaines excitation que j'ai découvert leur morceau « The Cullin » mis en ligne sur leur Myspace. Un riff aux sonorités Black Metal, lancinant et dépressif, est introduit par deux guitares avant l'arrivée brutale d'un blast beat ravageur qui se mue en une rythmique rapide à la double pédale qui transforme la mélancolie en énergie. Un chant Black Metal plutôt posé vient agrémenter le tout.
C'est pendant la deuxième partie du morceau que j'ai pensé être tombé sur un album prometteur. Cassant le tempo de moitié, les guitares se font plus mélodiques et un beau solo apporte un vent épique du plus bel effet qui n'est pas sans rappeler les envolées de Dave SUZUKI dans VITAL REMAINS. Le morceau s'aère, prend de l'altitude avant de retomber dans les limbes. Tout pour me plaire. Qu'un album me fasse penser à VITAL REMAINS, cela est franchement positif et ce parallèle reviendra à plusieurs reprises à l'écoute des morceaux suivants. Brutalité et percées mélodiques et épiques.
D'autres influences se font sentir : IMMORTAL, en partie au niveau du chant mais surtout dans le premier riff agrémenté d'un arpège de « As If A Rose I Wither ». EMPEROR dans le troisième riff de « Conffering With Demons ». Un petit air de I au cœur de « As Long As I Have Myself I Am Not Alone ». De bonnes références mais les influences se font pesantes et vont parfois jusqu'à l'emprunt avec un riff d'ouverture de l'album qui reprend pour moitié celui de « Wings » de VADER.
Et si ma première impression était bonne et que l'album résiste honnêtement à une écoute distraite, il montre quelques faiblesses quand on se montre plus attentif. Les mélodies les plus intéressantes sont souvent celles qui renvoient directement aux groupes précédemment cités. Il en ressort un manque flagrant de personnalité. Le tout est très bien exécuté mais notre oreille est constamment en terrain connu. La diversité des influences et la composition aérée, n'hésitant pas à insérer des cassures franches dans les morceaux et à multiplier les atmosphères (exemplairement dans « Conffering With Demons »), n'enrichissent qu'artificiellement le tout qui reste pauvre en émotion. ORDER OF ENNEAD se révèle être une machine bien huilée mais dépourvue d'âme.
L'intention épique y est mais, trop souvent larvée, elle ne parvient pas à nous faire enfiler nos heaumes et à chevaucher, hallebarde au poing, en croisade contre dragons et hydres sanguinaires. A peine le drakkar est il à la mer que le vent retombe.
Les solos sont impressionnants de rapidité mais souvent peu narratifs et, à de rares exceptions, pas tellement introduits. Après une prise d'élan grisante, John Li part souvent en shred comme s'il était subitement pris d'une envie de chier frénétique et qu'il tenait tout de même à balancer toutes ses notes avant de filer à l'anglaise.
De très bonnes intentions pour un groupe qui peine malheureusement à se démarquer de ses influences et vient grossir les rangs des centaines de groupes d'extrême honnêtes mais peu novateurs.
La Floride.
Espérons qu'un peu plus de maturité donnera au groupe ce petit « je ne sais quoi » qui lui manque encore, que le soleil de Floride saura faire mûrir le potentiel sensible ici, et que la saveur de la prochaine récolte saura nous convaincre. Order of Ennead est comme un jus d’orange à base de concentré, les ingrédients sont les mêmes mais... Un album qui s'écoute agréablement mais qui ne devrait pas reprendre place très souvent dans ma platine.
Le groupe rassure en tout cas mes opinions évolutionnistes : l'ordre à l'origine de la création ne fait que tenter de se rapproprier des réalisations humaines, naturelles, préexistantes.
En parlant d'évolution naturelles, j'ai oublié de vous entretenir du lamantin, ce gros mammifère aquatique herbivore qui peuple les eaux peu profondes de la côte ou du balbuzard pêcheur... quoi ? Ce n'est pas l'endroit pour ça ?
Ajouté : Samedi 06 Septembre 2008 Chroniqueur : Moloch Score : Lien en relation: Order Of Ennead Website Hits: 9405
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