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NIGHTMARE (FRA) - Yves Campion (Mai-2014)


NIGHTMARE affiche depuis quelques années une forme resplendissante que rien ne semble pouvoir altérer. Il faut bien dire que depuis leur signature chez le label AFM, les choses semblent aller pour le mieux au sein du combo grenoblois. Le gang enchaine les albums à un rythme effréné et rien ne semble plus pouvoir les arrêter dans leur course folle. Deux après la sortie du remarquable The Burden Of God, nos amis sont de retour avec un nouveau méfait des plus efficaces. Le groupe, grâce à sa pugnacité, a réussi à s'imposer comme un des leaders de la scène française. Un survivant des années 80 qui n'est pas là pour faire de la figuration et connaît un succès nettement plus conséquent qu'à ses débuts. Il faut dire que les deux dernières années ont été extrêmement fructueuses grâces à une tournée au coté de CIRCLE II CIRCLE qui leur a permis de sillonner l'Europe toute entière. Et comme si cela ne suffisait pas, nos isérois se sont permis le luxe de jouer à Dubaï et de participer au mythique 70000 Tons Of Metal. Une véritable prouesse comparé aux autres formations qui peinent à transformer leur retour en sucess story malgré d'indéniables qualités. Cette fois-ci encore, NIGHTMARE n'a pas lésiné sur les moyens pour faire de The Aftermath une réussite totale. Exit les studios français et direction l'Allemagne, plus précisément Munich ou le combo s'est enfermé avec Mario Lochert (EMERGENCY GATE) pour enregistrer sa nouvelle galette avec pour objectif d'obtenir un son puissant axé principalement sur les guitares et nous délivrer des morceaux taillés pour la scène. Une opération concluante au vu de la qualité de leur nouvel opus qui nous offre sans conteste un Metal de grande classe et d'une redoutable efficacité. Un très bon cru qui ne peut que ravir tous les fans de NIGHTMARE. Afin d'en savoir un peu plus sur la genèse de The Aftermath, nous avons coincé Yves Campion au Hard Rock Café alors que la formation s'apprête à participer pour la troisième fois au célèbre Hellfest et sévira pour la quatrième fois au Wacken, de quoi rendre vert de jalousie bien des formations de l'hexagone. Rencontre avec un bassiste éreinté par de longues heures de transport mais toujours aussi loquace. Il revient nous éclairer en détails sur les deux dernières années très intense de NIGHTMARE...

Line-up
: Jo Amore (chant), Frank Milleliri (guitare), Matt Asselberghs (guitare), Yves Campion (basse), David Amore (batterie)

Discographie : Waiting 4 the Twilight (Album - 1984), Power Of The Universe (Album - 1985), Astral Deliverance (MCD - 1999), Deliverance (Live - 2000), Cosmovision (Album - 2001), Silent Room (Album - 2003), The Dominion Gate (Album - 2005), Genetic Disorder (Album - 2007), Insurrection (2009), The Burden Of God (2012), The Aftermath (2014), Dead Sun (2016)

M-I Interviews du groupe : Jo Amore (Sept-2003), Jo Amore (Déc-2007), Yves Campion (Avril-2012), Yves Campion (Mai-2014), Yves Campion (Sept-2016)



Metal-Impact. Désormais, vous sortez un album tous les deux ans. Penses-tu avoir trouvé le bon rythme ?
Yves Campion. Oui, en général deux ans c'est notre rythme. On ne veut pas non plus aller trop vite. Surtout ne pas faire du vite et mal fait, souvent ça marche ensemble. Du coup on a toujours un planning assez soutenu en terme de concerts, on tourne pas mal à l'étranger, on fait aussi beaucoup de Festival. Mais on n'est pas le genre de groupe à composer lorsque nous sommes en tournée. Il faut que l'on se pose vraiment, que l'on fasse le vide et que l'on travaille efficacement les compositions. On a du recul par rapport à ça. On veut faire en sorte que ce soit le meilleur cru possible.

MI. Après The Burden Of God vous êtes parti en tournée avec CIRCLE II CIRCLE, quel souvenir en gardes-tu ?
Yves. Un super souvenir, c'était génial. C'est un de mes meilleurs souvenirs parce que au niveau de l'entente ; c'était fantastique. On a rencontré des gens extrêmement sympas. J'ai toujours été fan de SAVATAGE et tourner avec Zack Stevens était un rêve de gosse. Je suis comblé, je pourrai arrêter demain et me dire qu'au moins j'aurai fait cela. Surtout cette rencontre a été une vraie surprise parce que Christian David Wentz (le guitariste) est une personne absolument extraordinaire et on est devenu amis. On a sympathisé et on est toujours en contact avec eux. On essaye d'ailleurs de voir si on peut organiser quelque chose avec eux aux Etats-Unis. On a eu un vrai bon contact avec eux et toute la tournée c'est très très bien passé. On était un peu livré à nous même parce qu'on n'avait pas une vraie équipe de crew. Aujourd'hui, économiquement, c'est toujours difficile d'arriver avec une équipe complète. Du coup, on vivait dans le même bus, on a partagé plein de choses ensemble. Cela fait vraiment partie des grands souvenirs de tournée qu'on a vécue.

MI. Quels sont les autres rêves que tu aimerais réaliser ?
Yves. Mon rêve ultime serait de faire le Stade De France avec IRON MAIDEN en première partie... Non, c'est un lapsus ! Je voulais dire l'inverse [Rires] ... NIGHTMARE en ouverture d'IRON MAIDEN. Ça se fera dans une autre vie [Rires] ... Ouvrir pour un grand groupe comme cela au SDF ça serait fantastique.

MI. As-tu des anecdotes par rapport à vos dates avec CIRCLE II CIRCLE ?
Yves. Oui, mais c'est dans le délire ! Zach est très marrant, ce n'est pas un mec triste, il ne boit pas que de l'eau [Rires] ... On peut dire que du coup il est assez loquace. Le soir quand on se retrouve dans le bus, que nous avons assuré le concert et qu'on est prêt à repartir ; on boit toujours deux ou trois verres. Il y avait une super ambiance alors bien sûr que j'ai des anecdotes. On n'est pas tous clair sur cette tournée-là [Rires] ... Il y en a beaucoup mais c'est très difficile d'en choisir une comme ça. Je me souviens qu'on s'est retrouvé sur la plage avant une date à Bilbao et on s'est baigné tout habillé [Rires] ... Après des trucs comme ça sur cette tournée qui me viennent d'emblée à l'esprit ce n'est pas évident. Si je me souviens qu'une fois à Madrid, le bus n'a pas trouvé de place devant la salle et a dû aller se garer sous un pont. Le truc marrant c'est que Zack s'est retrouvé seul avec le chauffeur et il était complètement bourré, ce qui est drôle c'est qu'il s'était mis dans la tête de guider le chauffeur alors qu'il avait un GPS [Rires] ... C'était un peu le délire. Au final on a pu retrouver le bus alors que c'était très aléatoire vu que Madrid n'est pas une petite ville. On a plein de petites histoires dans ce style-là. Ah si, j'ai un truc exceptionnel avec Zack. Il s'était fait engueuler par les gars parce qu'il ne mettait pas trop souvent la main à la pâte ! [Rires] ... On était en Espagne, je crois que c'était à Saragoce et comme on n'avait pas de techniciens on a tous décidé de donner un coup de main pour plier le Back line. Et là, on voit notre Zack se mettre à ranger et on a trouvé ça super sauf qu'il était en train de charger le matériel de la salle tellement il était bourré [Rires] ... C'était des lights plus précisément. Il avait pris aussi le câblage de la sono [Rires] ... Il chargeait tout ce qu'il voyait ! [Rires]

MI. Vous avez joué à Dubaï avec Malmsteen, EPICA et bien d'autres !
Yves. Oui et on y retourne mercredi prochain.

MI. Vous êtes les seuls français à avoir joué là-bas ?
Yves. Oui, deux fois de suite c'est certain. Ça s'est tellement bien passé avec le public qu'on a été reprogrammé en tête d'affiche cette année. On y retourne mercredi avec LOUDBLAST, ça va être épique. C'est vrai que pour nous ça a été extraordinaire, c'est une vraie découverte d'un public qu'on ne connaissait pas au départ. On a eu de leur part un retour vraiment fulgurant, c'était exceptionnel ça nous a donné la chair de poule. Quand tu rentres sur scène et que dès les premier accords tu as trois milles personnes qui hurlent c'est beau. C'est un autre monde, les gens viennent de partout, c'est un public très hétéroclite. Il y a des fans qui viennent du Koweït, d'Arabie Saoudite, d'Inde ce n'est pas que le public de Dubaï. Ce sont des évènements qui sont rares là-bas, du coup les gens se déplacent et puis ils ont un peu plus de pouvoir d'achat que les français. Ce n'est pas du tout le même monde. On s'est retrouvé aux soixante treizième étages d'une tour ou tu avais piscine et vue sur la marina.

MI. As-tu eu l'impression d'être traité comme une Rock Star ?
Yves. Oui Carrément. C'est un autre univers. Quand on est arrivé à l'aéroport, il y avait des écrans plasma de quatre mètre sur quatre et là on s'est vu dessus, c'était des pubs pour le festival. Tu vois ta gueule sur des écrans géants qui sont fixé sur des tours, c'est énorme. On est ailleurs.

MI. Qu'est ce qui t'as le plus étonné lors de ces dates ?
Yves. Il y a un truc qui est exceptionnel et qui nous a marqué. On était avec Jo dans les loges qui étaient au premier étage. On voyait donc les gens arriver dans une espèce d'Aréna. On jouait dans une grande salle de 5000 ou 6000 personnes, c'était un gros festival, il y avait Malmsteen, EPICA, DARK TRANQUILITY. Et là tout à coup, on voit arriver deux nanas avec des Burqa et Jo me dis pour plaisanter : "Imagine qu'elles vont au concert" [Rires] ... Comme tout autour, il y avait un centre commercial, on s'est dit qu'elle n'avait rien à voir avec le concert. Elles étaient habillées avec une Burqa noir ou il y avait juste un zip pour les yeux. Et nous on plaisantait là dessus en imaginant qu'elles allaient aller au concert. Ensuite, elles sont rentrées dans la salle. Du coup, on est descendu pour aller voir. Elles ont pris leur billet et sont entrées dans la salle de concert. Et là tout à coup, elles ont tout enlevé et elles étaient en porte jarretelle en dessous ! [Rires] ... On était mort de rires. C'est le genre de truc incroyable que tu peux voir à Dubaï. C'était exceptionnel.

MI. Vous avez pu rencontrer les autres combos ?
Yves. Oui, c'était bien. On a beaucoup déliré avec MYRATH. On partageait la même loge et on les connaissait un peu. On les avait rencontrés au PPM Fest. Mais on a eu de bonnes relations avec tous les groupes. On a pu parler avec les musiciens de DARK TRANQUILITY. Tu sais, te retrouver à Dubaï avec des groupes européens, forcément, tu sympathises Après chacun avait son planning et on n'a pas rencontré tout le monde, on a surtout passé beaucoup de temps avec MYRATH.

MI. Vous avez joué au Full Metal Cruise, comment est née cette idée de donner un concert spécial avec uniquement des reprises de Dio ?
Yves. Oui, c'était dans le cadre de la Metal Cruise Wacken. Le bateau a accosté au Havre et il y avait SEPULTURA en tête d'affiche. On a voulu faire quelque chose d'un peu différent à la demande des organisateurs. Ils voulaient que l'on joue mais que l'on ne donne pas un show standard car il y avait beaucoup de formations qui le faisaient déjà. Du coup, on a eu cette idée et en plus Jo connaissait tous les morceaux. Il joue dans une formation (TEMPLE OF DIO) qu'il a monté avec des potes et qui ne fait que des reprises de Dio. Il y a notre technicien guitare ainsi que David, notre batteur. De temps en temps, quand ils ont le temps, ils donnent des petits concerts et ils s'amusent bien. En fait, c'était plus simple pour nous de faire ça. Il y avait moins de travail, Jo et David connaissaient les trois quarts des morceaux.

MI. Vous n'avez donc pas beaucoup répété ?
Yves. Non, on a répété très tard. On a fait ça un peu à l'arrache parce qu'on avait un planning très chargé. On est toujours en flux tendu, on est des vrais spécialistes de ce genre de situation mais au final ça l'a fait.

MI. Je suppose que c'est un vrai plaisir de reprendre des classiques de Dio ?
Yves. Oui, carrément. Jo a la voix qu'il faut donc c'était parfait.

MI. Le nouvel album s'appelle The Aftermath, quel est l'idée sous-jacente qui découle de ce titre ?
Yves. En général, quand on écrit un album, on cherche toujours des thèmes plus ou moins fort qui vont aller avec. Le précédent traitait de la religion. On a toujours été attiré par tout ce qui est lié à l'apocalypse. On s'intéresse à la fin du monde. Un morceau comme "Eternal Winter" par exemple est basé sur le film The Day After Tomorow (Le Jour D'après). On aime bien tous ces thèmes assez puissant. Du coup, tout s'est fait naturellement. Notre graphiste s'appelle Anthony Mochet et est très bon. Il est aussi réalisateur, il travaille d'ailleurs actuellement sur notre nouveau clip. Au départ, il a travaillé sur une idée de base qui a été amené par Frank qui représentait un arbre et un pendu puis Anthony nous a fait cette pochette. On s'est tout de suite dit que ça collait parfaitement avec le titre The Aftermath. Au départ on n'avait pas forcément des idées de titres. Quand on a vu le design, ça nous a paru évident par rapport au thème développé. The Aftermath, c'est la conséquence de l'apocalypse.

MI. Est-ce que l'arbre signifie qu'après l'apocalypse la vie renait ?
Yves. En fait les gens peuvent interpréter la pochette comme ils le veulent. L'avantage c'est que le truc est super. Tu as l'arbre et le pendu. Ce genre de dessin est sujet à milles interprétations puisque justement on peut aussi se dire qu'on ne revient pas de l'apocalypse vu qu'il y a ce pendu. On renait ou pas, chacun peut choisir.

MI. Pourquoi avoir choisi d'aller enregistrer au Dreamsound Studio à Munich ?
Yves. A la base on voulait faire un album plus rentre dedans, plus Thrash. On avait sympathisé avec Mario Lochert qui est le producteur attitré du Dreamsound studio et qui nous a fait le son des Metalcamp, grâce à lui on a fait aussi le Wacken tour. C'est quelqu'un qui nous a dans le collimateur. De ce fait, travailler avec lui s'est tout de suite imposé. Et puis on aimait beaucoup la production qu'il avait faite pour EMERGENCY GATE. On voulait avoir un son plus brut proche du live. On s'est dit qu'on allait composer pour que les morceaux sonnent vraiment en concert. The Burden Of God avait un son nettement plus américain dans le type de production. Patrick Liotard est plus sophistiqué dans son approche, peut être aussi que les titres s'y prêtaient bien aussi. Cette fois-ci on a mis les guitares devant, on a voulu garder de la mélodie mais tout en retournant vers un produit dans la ligné d'Insurrection. On en avait parlé au label et eux aussi préféraient qu'on emprunte cette direction plus rentre dedans. Il voulait qu'on évite le soft. Donc tout s'est fait naturellement et le choix du producteur a fait le reste.

MI. Qu'est ce qui a changé en termes de travail avec Patrick Liotard ?
Yves. Patrick Liotard a tout de même fait le chant et on s'entend très bien avec lui à ce niveau-là. C'est un vrai coach aussi. Après la différence c'est que cette fois-ci on est arrivé avec des prises qu'on a faite nous-même et on a corrigé le tout en studio. Si un titre faisait trop cheap, on rajoutait un plan de batterie ou autre chose. On a fait un vrai travail de production et de découpe avec les morceaux. Il faut savoir qu'aujourd'hui, techniquement, tu peux faire des prises toi-même et les mixer. Tu a la possibilité aussi de les éditer avec une vraie production de studio en prenant un producteur qui les retravaille. On a changé des accords deux ou trois fois, on est arrivé avec une carcasse qu'on avait travaillé et qui a évolué au fil des jours. Du coup, ça a été intéressant de travailler avec cette vision là, de se dire qu'on allait faire une base et la retravailler en Allemagne avec quelqu'un qui allait nous corriger et optimiser les morceaux.

MI. Comment avez-vous travaillé au niveau des textes ?
Yves. On n'a pas de thèmes précis, on travaille toujours sur des sujets assez fort et toujours différents. Mais c'est aussi en fonction de la couleur du morceau. On trouve l'idée en fonction de ce qui ressort musicalement. Quand le titre est un peu plus Dark on se dit : "Tiens on pourrait parler de ceci ou cela". J'ai tout de même un morceau qui me tient vraiment à cœur et qui malheureusement a une double force, c'est un titre que j'ai écrit par rapport à la situation de mon frère qui avait un cancer. La chanson s'appelle "I'm Immortal". J'ai écrit ce texte par rapport à lui et je lui en ai parlé. Il était parti trois mois en Inde pour essayer des traitements parallèles. Le cancer est une vraie merde. Ça m'a inspiré ces paroles ou je parle de sa lutte contre le cancer. Malheureusement il est décédé pendant l'enregistrement de l'album. En rentrant en France, ça a été ultra puissant, un choc terrible dans ma vie, cela n'a pas été facile. Il avait quarante-six ans et trois enfants en bas âge. A la cérémonie on a joué le morceau et c'est ma nièce qui a huit ans qui a chanté avec nous. Elle chante magnifiquement bien et cela a été un très très grand moment. Demain à Grenoble, elle va rechanter le titre avec nous dans une version acoustique. J'y tiens beaucoup. "I'm Immortal" veut bien dire ce qu'il veut dire. Cet évènement dramatique est arrivé lors de l'enregistrement de The Aftermath et cela a été une épreuve pour moi et pour le groupe. Surtout c'est quelque chose de très fort et "I'm Immortal" fait partie des morceaux phares de l'opus.

MI. Est-ce que la musique t'a aidé à surmonter cette épreuve ?
Yves. Carrément. La double force de ce titre c'est que lui ne nous avait pas préparé à ça pour nous préserver. Il m'avait dit qu'il essayait un dernier traitement qui devait marcher. Il était optimiste mais c'était pour préserver ses proches. Il savait certainement que quelque part il y avait un problème. Il avait peut-être une chance sur deux, c'était un cancer mal placé. Du coup, il est allé faire ce voyage en Inde pour essayer quelque chose de nouveau. Malheureusement, ce traitement n'a pas fonctionné. Pour moi, ce morceau a une double signification. Après on aborde sur d'autres chansons des thèmes différents. Depuis quelques années, on s'est énormément intéressé au problème de l'endoctrinement par la religion sur les jeunes qui sans le savoir vont aller tuer des innocents.

MI. Tu fais référence au Jihad ?
Yves. Oui, tout à fait. "Winds Of Sin" (Genetic Disorder) est un morceau qui parle de ce sujet et qui montre le côté obscur de la religion ou on n'hésite pas à tuer pour des convictions religieuse. On a sur The Aftermath un titre qui s'appelle "Mission For Good" qui est dans le même esprit. On aborde des sujets forts et très noir. J'adore les paroles de BEHEMOTH, je trouve ça très puissant. C'est très anti chrétien mais nous aussi on est rentré dans le lard avec une chanson comme "Gospel Of Judas" (Insurrection) qui est très anti chrétien et très Black Metal que ce soit au niveau des textes ou de la musique. Je ne devrai pas le dire mais on le joue à Dubaï [Rires] ... On va se retrouver en taule [Rires] ... L'interview sera publié après heureusement [Rires] ... Il y a aussi un autre morceau dans le style qui s'appelle "The Preacher" (The Burden Of God) et qui est assez virulent.

MI. Et celui-là vous allez aussi le jouer à Dubaï ?
Yves. Joker [Rires] ... Je ne sais pas [Rires] ...

MI. Ce qui est un secret pour personne ; c'est que vous allez participer pour la troisième fois au Hellfest ?
Yves. Oui. D'ailleurs je tiens à remercier Ben Barbaud de nous avoir fait confiance et reprogrammer au moment où on avait de l'actualité. Merci infiniment pour ça.

MI. Vous êtes mieux programmé en termes d'horaire ?
Yves. Cette fois on joue sur la mainstage, la scène d'IRON MAIDEN. On ne va pas chinoiser. On savait très bien que l'on n'allait pas jouer à 22 heures, peut-être dans une autre vie [Rires] ... C'est très bien, ça fait partie des concerts importants de l'année.

MI. Est-ce que tu ressens de la pression quand tu sais que tu vas jouer au Hellfest ?
Yves. C'est un truc qui n'est pas comparable, le contact n'est pas du tout le même comparé à un concert standard. Il y a une vraie communion avec le public, en même temps je pense que c'est ce qui arrive sur n'importe quelle scène. Lorsque tu joues dans un petit club très chaud où la scène fait huit mètre par trois et que tu as les mecs qui sont collés devant sans barrière ; la communion est différente. Tu touches le public, tu es très proche de lui. C'est totalement différent quand tu joues dans un festival. Et puis dans un club tu t'entends mieux car c'est plus facile à sonoriser. Pour le Hellfest, il faut savoir que la scène fait vingt mètres et quand le guitariste est à dix mètres de toi et le batteur est loin derrière, ce n'est pas la même sensation.

MI. Comment on gère ce type de situation ?
Yves. Il faut d'abord un très bon ingénieur/monitor et on a la chance d'en avoir un avec nous. Il faut vraiment être prêt pour ce genre de show parce que tu ne perçois pas le son de la même façon quand tu joues sur une grande scène. Tu t'entends différemment car tu n'as pas les mêmes réglages. Mais de toute façon quel que soit le cas de figure, tu dois savoir jouer sur toutes les scènes qui se présentes. Le public est beaucoup plus loin de ce fait l'échange avec lui est différent. Quelque part, c'est la même communion lorsque tu joues dans une salle de 200 personnes et que les gens sont à cinq mètres de toi. Quand tu te retrouves devant trente ou quarante mille personnes, tu as la chair de poule. C'est différent mais les deux situations sont bien chacune à leur manière. Au Hellfest, c'est clair que tu as un bon feeling. Quand tu te retrouves à trois minutes de monter sur scène, c'est énorme. Quand on te donne ta guitare et que tu foules une scène de cette taille, que tu vois cette marée humaine : c'est quelque chose de grandiose.

MI. Lorsque The Burden Of God est sorti Matt Asselberghs venait d'arriver, comment s'est passé son intégration et quel a été son degré d'investissement dans la conception de The Aftermath ?
Yves. C'est vrai que lorsque Matt Asselberghs est arrivé Frank Milleliri avait composé 99,99 % de The Burden Of God. Tout était fait. Cette fois, il a nettement plus participé parce qu'il n'est pas arrivé au moment où les compos étaient écrites. Il s'est bien fondu dans le moule NIGHTMARE, Frank pourrait t'en parler plus que moi. Il a créé un style et du coup, ce n'est pas simple pour un nouveau guitariste. Si le guitariste est branché Hard Rock des années 80, ça peut vite tourner au vinaigre.

MI. Pourtant vous êtes issus des années 80 ?
Yves. Oui, c'est vrai. On a connu cette période mais on a su évoluer avec le temps.

MI. Tu as connu le vinyle, le cd et maintenant le téléchargement. Quelle analyse portes-tu sur cette évolution ?
Yves. De toute façon on est obligé de faire avec. Le seul truc qui est critiquable c'est qu'il y avait à cette époque quelque chose qui était vraiment intéressant : la sélection au départ. Je vais peut-être ptre très critique et en même temps je ne veux pas faire non plus le vieux con nostalgique des années 80. Mais à cette époque, on ne pouvait pas faire un album aussi facilement qu'aujourd'hui. De nos jours, tu achètes un Cubase et deux ou trois programmes et tu enregistres un disque. Avec Internet, c'est la porte ouverte à tout. Les gens ne savent plus quel est le bon groupe et le cd à se procurer. C'est l'information non-stop, il n'y a plus de sélection. Même la presse et les médias n'arrivent pas à faire leur travail d'écrémage parce qu'il y a trop de produits sur le marché. Maintenant, la production de cd que tu peux mettre en ligne sur internet est tellement facile qu'il y a surement de très bon groupe qui passe à la trappe et que tu zappes. C'est ce que je regrette si je repense aux années 80. A cette époque signer avec une maison de disques était très compliqué. Il fallait débloquer un budget pour sortir un opus. Tous les combos n'arrivaient pas à s'autoproduire, il fallait vraiment signer chez un label pour espérer sortir un disque. C'était très difficile. C'est vrai que maintenant l'accès à l'information rapide et instantanée, c'est très bien pour les formations qui n'ont pas les moyens d'être signé chez Nuclear Blast et d'avoir une équipe de promo autour d'eux ou il y a des gens comme Roger Wessier qui travaille avec toi et te cale des journées rencontre avec les média [Rires] ... Le revers de la médaille c'est que c'est la porte ouverte à tout. Tu te retrouve avec des combos dont je terrais les noms car je ne vais pas rentrer dans ce truc là mais qui sont mauvais et qui envoie des trucs catastrophiques. En qualité au final on perd beaucoup.

MI. Est-ce que le fait que ces formations avant de signer tournaient beaucoup ne faisaient pas la différence ?
Yves. Déjà, à cette époque, les gens allaient beaucoup plus aux concerts. De nos jours c'est très difficile car il n'y a plus d'argent, le public préfère aller dans les festivals.

MI. Pourtant, il y a beaucoup de concerts aujourd'hui ?
Yves. Oui, mais la question est de savoir combien se plante. Dans les années 80, il y avait moins d'échec à ce niveau-là. Je vais te donner un exemple avec des grosses formations. On habite à Grenoble, il a une salle qui s'appelle Alpexpo. Quand SAXON ou JUDAS PRIEST jouaient dans cette salle le jeudi, il pouvait jouer à Lyon le lendemain à la bourse du travail. C'est une ville qui se situe à 100kms de chez nous. De nos jours, c'est impossible de programmer un combo à Lyon et le faire jouer le lendemain à Grenoble même si il est important. Tu ne trouveras aucun promoteur pour faire ça. Avant les tournées étaient beaucoup plus denses. Les concerts étaient blindés car les gens se déplaçaient. Il y avait du monde dans les deux villes. Aujourd'hui à 100 km de distance tu ne fais pas deux fois le même show, les organisateurs se plantent même sur de grands groupes. Tout ça n'existe plus. DREAM THEATER qui tourne beaucoup ne joue pas deux fois de suite à 100 km à la ronde. Il y avait un vrai marché et le public se déplaçait.

MI. Au début des années 80, il y avait énormément de combos qui étaient signé sur des major ou des labels comme H BOMB, SORTILEGE, OCEAN, WARNING, SATAN JOKERS. Comment expliques-tu que seul TRUST est explosé et sévisse encore de nos jours ?
Yves. Ce sont des groupes qui sont de retour aujourd'hui mais ils sont un peu trop restés collés aux années 80. La grande différence avec eux c'est que nous, même si on vient aussi de cette génération là, on ne chantait pas en français. Ca y fait, on était chez Ebony et ça nous a ouvert beaucoup d'horizons. Le français ça a son charme mais ça ne suffit pas. Maintenant on est signé en Allemagne avec une maison de disques allemande, on a un management allemand, un booker allemand et un autre français. Je nous vois mal chanter en Français ! [Rires] ...

MI. Que vous ont apporté c'est différents contrats ?
Yves. Si tu regardes notre programme passé on a fait des tournées, on a joué au 7000 Tons Of Metal, on a fait quatre fois le Wacken. Là on prépare la tournée Wacken. On a jamais autant progressé en deux ans.

MI. Vous en êtes ou avec AFM, votre contrat s'arrête bientôt je crois !
Yves. Oui, c'est vrai on est en fin de contrat avec eux mais tout se passe bien. Actuellement on est en négociation avec le label pour la question du renouvellement. Et là je te réponds Joker [Rires] ... Mais c'est sans problème.

MI. Quelles sont tes attentes par rapport à The Aftermath ?
Yves. C'est compliqué quand on arrive au neuvième album. La question clef c'est de se dire : "est ce qu'on a fait un opus qui nous donne satisfaction ? Comment faire mieux quand on arrive au neuvième ?". Le jour ou en terme de qualité de ce que l'on est capable de faire, on se dira qu'on est largement en dessous de The Aftermath, de The Burden Of God, Insurrection ou bien encore Dominion Gate qui sont de superbes opus alors là, on aura un souci. Une panne d'inspiration avec le temps, ça peut arriver. Chez NIGHTMARE, on n'a jamais été confronté à ça car on a des guitaristes productifs qui arrivent à trouver de bons riffs. Hier j'étais chez Frank et il m'a fait écouter un nouveau riff de la mort et là je lui ai dit : "Putain t'es con pourquoi tu le sort maintenant ?". Et en fait il l'avait écrit une semaine avant. Je lui disais : "The Aftermath est bouclé et toi tu me sors un super riff maintenant". En fait, on a toujours quelque chose qui arrive en terme de musique, on ne peut pas commander l'inspiration. Naturellement à ce niveau-là on est toujours assez productif. Le jour où tu es bloqué et qu'il n'y a plus rien qui sort là tu as des questions à te poser sur ton avenir.

MI. Donc ça ne risque pas de vous arriver...
Yves. A un moment donné, il y a un truc qui risque de nous arriver : c'est le problème de l'âge [Rires] ...

MI. Vous avez beaucoup tourné en 2004 et 2006 avec AFTER FOREVER. Quel est ton opinion sur l'arrivée de Floor Jansen au sein de NIGHTWISH ?
Yves. Oui, on a même eu Floor en invité sur l'album Dominion Gate. Je trouve que c'est une chanteuse exceptionnelle. Je ne veux pas être méchant et peut être que je vais me faire taper dessus à pourrir Anette, mais entre Floor Jansen et Anette Olzon "Chantal Goya", il n'y a pas photo [Rires] ... Il y a une grande différence de prestance que ce soit scéniquement ou vocalement. Floor a toujours été quelqu'un qui possède en elle quelque chose de grandiose. On a tourné avec elle, on l'a vu évolué. Elle n'a jamais eu de cassure ou de souci de voix, c'est une show girl. Elle est parfaite. Je pense que NIGHTWISH a bien fait.

MI. C'est le genre de cd dont tu attends la sortie ?
Yves. Oui tout à fait avec Floor Jansen au chant bien sûr. Je l'attendais moins quand Anette était au chant [Rires] ... Je ne veux pas être méchant car elle est peut-être très sympathique mais elle avait plus le look de Chantal Goya sur scène que Floor ! [Rires]

MI. C'est un bon souvenir d'avoir travaillé avec Floor Jansen ?
Yves. Oui, elle m'a impressionné bien sûr. Elle fait des prises directes, elle a l'inspiration. Tu vois quand tu es en studio avec elle qu'elle est hyper professionnelle. Je pense qu'avec une production monstrueuse comme peut avoir NIGHTWISH, on peut s'attendre à un superbe album.

MI. On en a parlé, Dubaï c'est demain, et ensuite ?
Yves. On a un très gros emploi du temps. On a tout bloqué pour 2014 et on est en train de négocier des choses intéressantes pour 2015 comme l'Australie. Ça serait exceptionnel, on travaille aussi sur l'Amérique du Sud, on est actuellement en pleine discussion pour faire des dates là-bas. De ce fait, jusqu'au printemps 2015, on va être très occupé en terme de concerts. On va aussi partir un mois sur la tournée Wacken en novembre. Auparavant, on va jouer dans plusieurs festivals cet été. On a un emploi du temps très chargé après pour la suite on verra. Mais on a toujours eu un rythme régulier comme tu le disais tout à l'heure, on sort un opus tous les deux ans en moyenne. On ne peut pas être à moins parce que ça veut dire que tu fais du débit et ce n'est jamais bon. Nous, on n'est pas capable d'enregistrer un album tous les ans.

MI. Il y a un concert de prévu sur Paris ?
Yves. Il faut qu'on en discute avec Roger [Rires] ... Oui je pense qu'il y en aura un.

MI. Vous aimez jouer à Paris ?
Yves. Oui, on a toujours eu un super accueil. Je me souviens encore du concert à la locomotive (La Machine aujourd'hui), c'était fantastique. Je crois qu'on y joué deux ou trois fois, c'est quand même un endroit magique. C'est évident, il faut qu'on joue à Paris mais on doit aussi trouver le bon plan. Là on est en pleine négociation, on a plusieurs options qui se présentent à nous mais après c'est toujours pareil il y le management, le booking, les frais ect. Pour l'instant Paris mais n'est pas sur la liste de ce qui est conclu mais on espère y jouer début 2015.

MI. Le Japon vous y pensez ?
Yves. Non, on a un problème au Japon au niveau du nom. On est amalgamé avec un combo enfin pas vraiment parce qu'on n'a rien en commun mais on a un souci. Ils sont très connu là-bas et ils s'appellent NIGHTMARE mais ils ne font pas du tout du Metal. En Europe, ils sont totalement inconnus. Du coup, il y a confusion entre eux et nous au Japon. On a été en contact avec les organisateurs du Festival Loud Park et ils n'ont pas voulu nous faire jouer là-bas du fait qu'ils avaient peur qu'on nous confonde avec le NIGHTMARE Japonais. De ce fait, on ne peut pas aller donner de concert au Japon pour l'instant.

MI. A qui appartient le nom au niveau juridique ?
Yves. En fait, eux sont détenteur du nom au Japon et nous on a déposé le nom en Europe. Comme on ne joue pas du tout le même style de musique ça fonctionne mais c'est chiant.

MI. Pour terminer, qu'as-tu envie de rajouter ?
Yves. Je pense que pour se faire une idée il faut écouter The Aftermath, il est très brut et moins raffiné que le précédent. Il y a quelque chose dans cet opus, on a développé un coté Heavy Thrash taillé pour la scène. Le weekend dernier, on a présenté trois nouveaux titres au public lors d'un festival et ça a super bien fonctionné. Du coup, on s'est dit que finalement The Aftermath est pas si mal que ça [Rires] ... Tu sais, on a jamais le recul nécessaire après six ou sept mois de travail acharné sur un album. De ce fait, on est très friand d'écouter les premiers avis parce qu'on a tellement la tête dedans que parfois on se prend la tête sur des trucs qui n'en valent pas la peine. C'est simplement parce que l'on a plus le recul nécessaire pour analyser les morceaux. Souvent en voulant corriger des détails on génère des conneries ! [Rires]

MI. Est-ce que c'est difficile de stopper la finalisation des morceaux ?
Yves. Oui, il faut essayer de prendre du recul jusqu'à un certain niveau. Arrivé à un moment tu ne peux plus rien faire, il faut faire écouter les morceaux à des gens extérieurs. Quand quelqu'un écoute les morceaux pour la première fois, il va avoir une opinion différente d'un musicien qui a mis le nez dedans pendant huit mois. Parfois, tu es tellement pris par la musique que tu trouves certains titres pas terribles alors qu'une personne qui va écouter les chansons pour la première fois va les trouver géniales. Là tu te rends compte que c'est toi qui déconne, c'est le genre de trucs qui nous arrive fréquemment. Il faut se méfier de ce type de situation ou tu n'as plus assez de discernement pour avoir un avis objectif.

MI. Vous tenez compte justement de ces avis extérieurs ?
Yves. Oui, complètement. Il y a beaucoup d'allemands qui nous ont dit avoir préféré Insurrection à The Burden Of God. Du coup, on est reparti sur un style plus proche d'Insurrection. C'est vrai que vu le nombre de dates que l'on a cette année, c'est de bon augure.

MI. Vous êtes un des rares groupes français à pouvoir tourner autant à l'étranger ?
Yves. Oui, malheureusement c'est vrai. On arrive plus difficilement à jouer dans notre propre pays. Roger pourra t'en parler [Rires] ... C'est plus compliqué pour nous de jouer dans l'hexagone qu'à l'étranger, c'est une évidence.

MI. Merci beaucoup Yves.
Yves. Merci à toi pour le soutient et à bientôt.


Ajouté :  Lundi 15 Septembre 2014
Intervieweur :  The Veteran Outlaw
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