DIRGE (FRA) - Alain B et Stéphane L (Oct-2007)
Alain B. et Stéphane L., respectivement batteur et guitariste de DIRGE nous ouvrent les portes de leur univers singulier dans lequel, vous allez le voir, chacun est libre de puiser. Auteurs d’une dernière bombe, Wings Of Lead Over Dormant Seas, ils en profitent pour répondre aux questions de Metal-Impact.
Line-up : Marc T (guitares et voix), Alain B (batterie), Christophe [Zomb] D (samples), Stéphane L (guitares) et Christian M (basse)
Discographie : Down Last Level (1998), Blight And Vision Below A Faded Sun (2000), And Shall The Sky Descend (2004), Wings Of Lead Over Dormant Seas (2007)
Metal-Impact. Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pourriez expliquer un peu votre parcours ?
Alain B. DIRGE existe depuis 1994 et a été crée par Marc T., qui en reste l'unique membre originel. DIRGE est devenu un trio en 1998 avec une musique dans la lignée GODFLESH / NERVE basée sur une formule guitare/basse/chant, l'ensemble tournant avec des machines (samplers, boîte à rythmes). En 1999 je suis arrivé à la batterie et Christophe [ Zomb ] D. aux samples. C'est à partir de ce moment là que l'évolution s'est faite plus tangible. Moins de machines, donc pas de contrainte de tempos ou de cycles à respecter, ce qui fait que nous avons pu du coup développer, toujours dans le même esprit, quelque chose de différent et laisser libre court à plus d'improvisations. D'une certaine manière, l' « organique » a largement supplanté le « mécanique » ce qui fait que notre musique sonne plus « humaine ». Aujourd’hui nous sommes cinq musiciens sur scène : Marc T. à la guitare et au chant, Christophe [ Zomb ] D. aux samples, Stéphane L. à la guitare, Christian M. à la basse et moi-même à la batterie.
MI. Quelles sont d’ailleurs vos principales influences musicales ?
Stéphane L. Elles sont multiples et variées (de PINK FLOYD à EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN en passant par NEUROSIS ou SLOWDIVE). Mais ces influences restent tapis dans notre inconscient et n'influent plus guère sur notre musique. Depuis toutes ces années, nous avons appris à nous affranchir de ce poids qui parfois peut devenir un véritable fardeau, pour peu qu'on ne parvienne pas à s'en défaire. La vérité est que le seul groupe qu'on essaye de copier, c'est nous-mêmes ; un Nous qu'on essaye de rendre meilleur d'album en album afin de pas tomber dans un autre piège, celui de la redite. C'est là un challenge encore plus délicat à accomplir.
MI. Intégrez-vous aussi des influences autres dans votre musique ? De l’imagerie, par exemple, qui viendrai vous donner de nouvelles idées d’expérimentations ?
Alain B. Depuis toujours sur scène, nous avons des images projetées derrière nous, qui renforcent notre musique et l'univers que l'on tente de déployer.
Stéphane L. C'est un aspect inhérent à DIRGE dans la mesure où la collision parfois aléatoire entre sons et images permet à chacun de ressentir comme il le veut le côté multidimensionnel (désolé pour ce terme un peu pompeux) de nos concerts. C'est un ensemble qui pour nous est indissociable, tout comme nos pochettes d'albums. Ceci dit, et puisque tu évoques l'idée d'expérimentations, j'aimerai bien tenter un jour une collaboration avec une danseuse de butoh par exemple. Cela pourrait coller parfaitement avec notre univers.
MI. Les titres de Wings Of Lead Over Dormant Seas sont tous très longs (mis à part « End, Infinite »). Est-ce une volonté à la base de composer des morceaux aussi longs ou bien est-ce que cela vous vient naturellement ?
Stéphane L. Très honnêtement, il nous est impossible aujourd'hui dans l'optique de DIRGE de composer quelque chose dans un format « standard ». Cela ne tient pas d'une volonté de se démarquer à tout prix et d'être le plus extrême possible mais plutôt parce que nous avons tout simplement besoin de beaucoup de temps pour développer notre musique et installer une atmosphère. Certains groupes comme les RAMONES n'ont pas besoin de plus de 2 minutes 30 pour aller à l'essentiel. A l'inverse pour un groupe comme nous, le chemin est beaucoup plus long et tortueux. Nous aimons, les parties cycliques et les lentes progressions qui débouchent sur des passages quasi hypnotiques. C'est devenu une manière très naturelle pour nous d'envisager la musique de DIRGE. Et cette musique nécessite beaucoup de temps pour pouvoir décoller, s'installer, se transformer, décroître et enfin mourir de la manière la plus naturelle et homogène qui soit.
MI. D’ailleurs, dans quel état d’esprit êtes-vous lorsque vous composez ? J’imagine qu’on ne compose pas un titre comme « Epicentre » de la même manière qu’on ferait un « Je te survivrais » !
Alain B. Nous avons toujours composé dans le même état d’esprit : à savoir au moment ou on avait envie de le faire, et surtout avec le plus de sincérité possible. Sans ce soucier des modes ou des attentes de quiconque. Et aujourd’hui cet album est tout simplement la suite, l’évolution du précédant.
Stéphane L. « Je Te Survivrai » est manifestement un cri de douleur lié à une rupture difficile. Je ne pense pas que Jean-Pierre François ai écrite cette chanson de toute gaité de cœur. Je pense qu'elle a dû avoir sur lui un aspect cathartique et salvateur. Sa forte dépendance à l'absinthe et à l'opium ont par ailleurs certainement constitué la clé de voute de sa brève carrière. C'est aussi cette addiction qui a entraîné sa chute. Un peu comme Baudelaire ou Rimbaud, J.-P. François n'étais surement pas assez costaud pour pouvoir supporter le poids de son génie.
MI. Et mettez-vous une intention particulière dans les compositions ? Des sentiments que vous voudriez faire passer autres que les seules paroles ?
Alain B. C’est difficile de répondre, c’est même un peu personnel mais d’une manière générale nous jouons par rapport a ce que l’on ressent, par rapport à notre état d’esprit mais on ne veut rien faire passer de spécial. Les gens qui nous écoutent ressentent notre musique comme ils veulent. Il n’a pas de concept dans DIRGE, on n’est pas en train de prêcher pour quoi que ce soit.
MI. Y a-t-il une logique dans l’enchaînement des morceaux ? Auraient-ils pu être dans un ordre différent ?
Alain B. Il n’y a pas de spécialement de logique, c’est de la musique ! C’est juste que nous l'avons senti comme ça.
Stéphane L. Au niveau du contenu des textes, et vu qu'il n'y a pas de concept récurrent chez nous, les titres n'ont aucun lien entre eux, donc à ce niveau là, il n'y évidemment pas de logique. Maintenant, il s'agissait de faire s'enchaîner les morceaux de la manière la plus cohérente qui soit, de pouvoir maintenir l'atmosphère générale de l'album, tout en évitant de tomber dans les enchaînements téléphonés. Commencer le disque 1 avec un titre massif comme « Meridians » et terminer avec un « Nulle Part » très ambient et minimal était quelque chose de très logique et lorsque je réécoute l'album, je pense qu'on a fait le bon choix. De toute façon, avec 5 titres il n'y avait pas 600 combinaisons possibles, donc c'est allé plutôt vite (Rires)
MI. Que diriez-vous à ceux qui taxeraient votre musique de simpliste, du fait que vous ne vous lancez pas dans la démonstration technique ? Et à ceux qui penseraient que vous faites du remplissage en faisant volontairement durer le plaisir pour allonger les morceaux ? (je vous rassure, ce n’est pas mon cas… mais je devance les remarques).
Alain B. Tu sais, ceux qui aiment les solos de guitare et les trucs techniques peuvent très bien écouter SATRIANI ou DREAM THEATER. Nous on s’en fout éperdument de ce que pense les uns ou les autres. Avant tout chose, on fait de la musique pour nous, encore une fois avec le plus de sincérité possible et de respect pour ceux qui nous aiment. Et puis aujourd’hui je pense que si l’on commence à avoir un public qui nous suit, c’est tout simplement parce qu'ils apprécient le registre qui est le nôtre, et ces gens savent donc très bien qu’ils ne vont pas voir de solo de batterie ou autre démonstration dans un de nos concerts.
MI. Votre musique est lourde et pesante mais offre quand même des portes de sortie vers une vision moins lugubre (je pense notamment à « End, Infinite »). Est-ce une manière de revendiquer quelque chose ? Si oui, quoi ? Et est-ce aussi une façon de dire que les choses peuvent être différentes, si on s’en donne les moyens ?
Alain B. Comme je t’ai dit, nous ne revendiquons rien du tout, et nous ne nous refusons rien non plus dans DIRGE. « Nulle Part », par exemple n'annonce pas un changement de direction musicales, c'est juste du DIRGE avec un peut moins de guitares et un chant différent.
MI. Pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, par quel album leur recommanderiez-vous de commencer l’écoute de vos titres ?
Alain B. On est assez satisfait du dernier Wings Of Lead Over Dormant Seas. Ceci-dit, par rapport au début, cela ne fait que quatre albums de retard !
Stéphane L. Le dernier ! Sinon le précédent, And Shall The Sky Descend reste aussi assez représentatif de notre son, de notre univers.
MI. Je vous remercie du temps que vous nous avez consacré. Un mot de la fin ?
Alain B. Merci à toi et à bientôt.
Ajouté : Lundi 15 Octobre 2007 Intervieweur : Wong Li Lien en relation: Dirge Website Hits: 18244
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