NO REGRETS : Les Mémoires du Rock n’Roll (2012)
Auteur : Ace Frehley, Joe Layden, John Ostrosky
Langue : Français
Parution : 16 novembre 2012
Maison d'édition Française : Camion Blanc
Nombre de pages : 400
Genre : Biographie
Dimension : 15 x 21 cm
ISBN-10 : 2357792183
ISBN-13 : 9782357792180
D’ordinaire, les biographies de musiciens ne m’intéressent guère. Ce sont souvent soit des ouvrages de commande, écrits en sous main et vaguement signés par le principal concerné, soit des hagiographies à la gloire d’un héros du passé en manque de reconnaissance.
Inutile d’en attendre quoi que ce soit au niveau littéraire, la tâche est vaine d’avance.
Je n’attendais donc pas grand chose de ce No Regrets de Joe Layden/John Ostrosky et Ace Frehley.
D’une part, parce que je n’ai jamais été fan de KISS, et encore moins de la carrière en solo du bonhomme. Celle ci ma toujours parue anecdotique, et je dois avouer que le dernier album d’Ace sur lequel j’ai jeté une oreille est Second Sighting en 1988. Sans être convaincu, loin de là.
Mais comme il faut faire son boulot correctement, j’ai lu ce livre. Et étrangement, je me suis pris au jeu.
Il faut dire qu’il se lit très facilement, et qu’on achève la lecture en une journée bien tassée. Ce qui est plutôt bon signe pour une biographie.
Pour les (très, mais alors très) néophytes, Ace Frehley, c’est le Spaceman de KISS. Celui qui a officié en tant que guitariste aux côtés de Gene et Paul durant toutes les années 70, qui balançait des lasers de sa six cordes, et qui a influencé – au niveau Hard Rock / Heavy Metal – plus de guitaristes que n’importe qui (parlez en donc à ANTHRAX, et feu Dimebag n’a jamais caché son admiration non plus).
Il a gravé dans le vinyle les meilleurs albums du groupe, avec au choix, Alive, Destroyer, Dressed To Kill, ou encore Love Gun, contribuant modestement au niveau des compositions, mais assurant sa place dans le cœur des fans grâce à une personnalité fantasque et un talent indéniable de soliste.
Parti vers d’autres horizons au début des années 80 (remplacé par Vinnie Vincent), pour cause de problèmes personnels et de désaccords profonds avec Stanley et Simmons, Ace a eu beaucoup de mal à redresser la barre et à revenir sur le devant de la scène en tant qu’artiste solo, jusqu’à la reformation légendaire de KISS au milieu des années 90.
Retour qui s’est soldé par un nouveau départ avec pertes et fracas, et un nouveau remplacement par son road tech. Fin définitive (?) de la période KISS.
No Regrets est donc son histoire, résumée bien sur. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le titre de l’ouvrage a été sciemment choisi. Il correspond parfaitement au credo du bonhomme qui ne regrette absolument rien de son passé.
Carpe Diem.
Le livre est donc rédigé selon un ordre chronologique, de la naissance de Paul Daniel (ses véritables prénoms) jusqu’à aujourd’hui, ou presque.
De sa jeunesse New-Yorkaise à sa retraite dorée, toutes les époques sont passées en revue, avec bien sur, une grosse part réservée à l’aventure KISS. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le bonhomme ne s’est pas ennuyé.
Les cinq parties distinctes de l’œuvre (Jeunesse, KISS, carrière solo, reformation de KISS, carrière solo) ont plus ou moins d’intérêt, mais ont le mérite de dresser un portrait honnête d’Ace, avec toutes ses contradictions, ses errances, ses fulgurances, à tel point que le récit devient parfois confus en multipliant les flashback incongrus et en mélangeant les personnages au gré des chapitres.
Il faut dire que l’existence du guitariste, et ce dès son plus jeune âge, a été rythmée par des excès en tout genre (boisson, antidépresseurs, drogue, etc…), au point que l’on reste admiratif devant la pertinence de certains souvenirs qui auraient du s’évaporer avec les vapeurs d’alcool.
Car rien ne nous est épargné. Les pétages de plombs, les accidents de voiture, les lupanars avec les groupies consentantes, les orgies narcotiques alcoolisées, mais aussi les moments de gloire, les instantanés familiaux (dont les plus émouvants sont ceux impliquant sa fille), les années de dépression, et les arrêts sur la case prison, qui finissent heureusement toujours bien puisqu’il est toujours là pour en parler.
Ace raconte SA vérité (et j’insiste sur ce terme), ne s’épargne pas, et en profite par la même occasion pour égratigner ses anciens partenaires, obnubilés par la réussite et l’argent, au point de s’abaisser à des prestations malheureuses (les passages télé, le merchandising, le chef d’œuvre du septième art Kiss Meets the Phantom of the Park), et le cantonnant le plus souvent au simple rôle de faire-valoir.
A ce petit jeu, c’est bien sur Gene Simmons qui morfle le plus. Le bassiste infernal est donc décrit comme un business man avide de pouvoir et d’argent sans ami, sans aucune compassion, et principal responsable de son départ du groupe, et de la fadeur de sa carrière solo.
Ace, toutefois, modère parfois ses propos, et teinte son discours véhément de quelques touches d’émotion à l’égard d’un homme qui a parfois fait montre d’humanité à son égard. Ce qui, somme toute est assez honnête.
Le style employé est direct, simple, le plus souvent oral, à tel point qu’on a régulièrement le sentiment de lire une longue interview, puisque Ace se pose lui-même les bonnes questions (ou les mauvaises, selon l’option…).
Alors bien sur, les fans du bonhomme seront heureux de le retrouver dans ces lignes, n’apprendront sans doute pas grand chose, et les non initiés se prendront sans doute comme moi au jeu des déclarations fracassantes, anecdotiques, drôles, tragique, enfin, tout ce qui constitue la vie d’un héros du Rock qui n’a jamais cherché rien d’autre que le plaisir.
On peut concevoir No Regrets comme un hymne à l’hédonisme, voire parfois à l’irresponsabilité, mais la rédemption du musicien a des côtés touchants, et ressemble certainement à des centaines d’autres histoires du même cru, mis à part que tous les guitaristes ex-alcooliques et drogués de la planète n’ont pas tous eu le privilège de jouer dans KISS et de connaître une gloire inter planétaire.
No Regrets est donc au final un petit bouquin assez agréable à lire, un peu comme ces films que l’on regarde sans conviction et qui finissent par vous accrocher, vous laissant un goût agréable à défaut d’un sentiment profond et durable.
Ajouté : Samedi 13 Avril 2013 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Camion Blanc Website Hits: 41112
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