WHITECHAPEL (usa) - Whitechapel (2012)
Label : Metal Blade Records
Sortie du Scud : 15 juin 2012
Pays : Etats-Unis
Genre : Deathcore
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 38 Mins
Qui parmi vous a encore en tête le WHITECHAPEL au visage poupon qui manœuvrait le Deathcore avec hésitation, comme un ado manie son pénis sur The Somatic Defilement en 2007. Cinq années plus tard, l’ado a transpercé quelques hymens et fait désormais figure de fier étalon dans le petit monde étriqué du Deathcore. Avec CARNIFEX, ALL SHALL PERISH et SUICIDE SILENCE, les WHITECHAPEL sont désormais des références en la matière, puisque forts de quatre albums et d’un nom qui squatte régulièrement les sommets des flyers pour festoches américains. WHITECHAPEL, c’est le DxC à l’état brut, tellement brut qu’il a tendance à en devenir régressif. La bande à Phil Bozeman avait alors sorti en 2010 A New Era Of Corruption qui avait comme un parfum de mise au à niveau. Si les points étaient brillamment mis sur tous les « i », on continuait de douter sur les capacités du style à se renouveler. Voici qu’intervient l’éponyme. Et puisque les choses sont faites à l’envers, permettez-moi de vous dire que vous pourrez continuer de douter.
Couillu, compact, brutal, vous pourrez utiliser autant de superlatifs que possible, ce Whitechapel restera une pépite, un diamant qui ne demande qu’un ridicule polissage. La musique des Tennesséens s’est affinée avec élégance, tel le Prince des gruyères. Son parfum fruité, ses arômes complexes, sa densité aromatique en feront un must. Mais comme chaque produit d’exception, il exige d’être consommé dans les règles de l’art. Ainsi, il nécessitera toute votre attention et un peu de votre temps précieux. Car c’est dans la douleur qu’il saura vous convaincre. Vous serez pour lui le bon samaritain, car il souffre. Il souffre désormais de la concurrence acharnée. Il est tombé dans son propre engrenage. Comme moi, vous vous demanderez comment cet album pourra tirer son épingle du jeu. La réponse est simple ; il sublime ses atouts. WHITECHAPEL a désormais un peu d’expérience et sait pertinemment pour quelles raisons le public se tourne vers lui. Recherche d’un son explosif, d’une production en Full HD signée Mark Lewis (DEICIDE, DEVIL DRIVER, KATAKLYSM, CHIMAIRA), d’un uppercut assommant, d’un matraquage en règle (cette basse sur « Faces » !). En bref, d’un Deathcore viril, loin du prosélytisme récurrent. Alors WHITECHAPEL s’est appliqué pour donner du relief à ses points forts, délaissant comme souvent la création artistique pure. Le riffing du trio Ben / Alex / Zach n’aura jamais semblé aussi peu inspiré, et ce n’est pas la tentative infructueuse d’ajout de polyrythmie moderne qui y changera quoique ce soit. C’est linéaire, générique, bancal mais tant pis. C’est surtout efficace, costaud, écrit avec précision, exécuté avec minutie. Entre l’amour et la haine, mon cœur balance. Mais il suffira d’un « Possibilities Of An Impossible Existence » ou d’un « I, Dementia » pour faire basculer mes convictions du bon côté. Les Américains pâtissent bien sûr de la créativité sans borne des SON OF AURELIUS, WITHIN THE RUINS et autres THE FACELESS, qui les font passer malgré eux pour de vieux coreux séniles. Devant tant de technique et de modernité, WHITECHAPEL fait profil bas, y va à l’expérience et axe sa démarche sur la lourdeur et l’intensité. Et ça marche. Peut-être pour la dernière fois mais ça marche. Les breakdowns sont dosés avec parcimonie, idem pour les mosh parts. Le piano a également une place prépondérante sur ce disque, que ce soit sur l’intro « Make It Bleed » ou sur l’instrumentale « Devoid ». Tout ça relève de la cuisine moléculaire. Tout peut foirer au gramme près, mais non. Avec cet album éponyme, garni de petites bombes comme « Section 8 » (déjà présente sur l’EP Recorrupted) ou « (Cult)uralist » qui fait passer Bozeman pour le Busta Rhymes du DxC, WHITECHAPEL continue de ne rien réinventer, mais de ravager.
Au-dessus de la moyenne et pourtant désespérément borderline, ce groupe est un paradoxe ambulant qui attire autant de curieux que de fans. On ne comprend pas toujours bien l’idée de faire un This Is Exile ter ou un A New Era Of Corruption bis, mais en tout cas cet album est pleinement assumé par WHITECHAPEL qui poursuivra sa tragique stagnation sans pour autant régresser dans la hiérarchie. Même amoindris, ils seront toujours plus voraces que certains seconds couteaux. Cet opus en impose. C’est là sa plus grande et unique force.
Ajouté : Mercredi 12 Septembre 2012 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Whitechapel Website Hits: 6422
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