A l’heure où j’écris ces quelques mots, l’Olympique Lyonnais est en tête de la Ligue 1 après être allé gifler l’Ohème au Vélodrome. Et on s’en fout, moi le premier. Pourtant, je sens la jubilation d’un homme, comme si son énergie était de l’autre côté d’une étroite cloison. Mick, charismatique vocaliste de DESTINITY depuis sa formation en 1996 est un homme heureux. Son groupe marche, son club de cœur tourne à plein régime et seule l’exactitude d’une vague prophétie maya à venir saurait perturber cet état d’euphorie. C’est exactement le sentiment qui nous gagne à l’écoute de Resolve In Crimson, huitième album de ce qui est peut-être notre plus beau représentant hexagonal en matière de Thrash / Death mélodique à la Swedish-style. Toujours axé autour d’un noyau d’hérétiques plus que stable (Mick, Zephiros et Morteüs), les rhodaniens font donc l’actualité avec leur dernier bébé qui succède à un XI Reasons To See paru en 2010, année qui a vu un certain Olympique de Marseille chiper le championnat au club lyonnais… Comme quoi, on n’est jamais à l’abri d’un retour de bâton.

Je pense que je ne surprendrais pas grand monde en affirmant qu’avec Resolve In Crimson, DESTINITY a définitivement tiré un trait sur son passé incertain. D’abord Black Metal (admirez plutôt la pochette à la BATHORY du Wepts From The Sky de 1999) puis lorgnant sur le Death, le groupe a finalement fait son coming-out sur le Synthetic Existence de 2005, optant pour un Thrash / Death Metal brossé. Quatre albums sont sortis sous cette étiquette et de loin, ce dernier est le plus créatif et le plus abouti de tous. Parce qu’il contient tout ce qui fait mouiller la culotte des teenagers en mal de refrains trendys, de mélodies sirupeuses et d’atmosphères göteborgiennes. D’habitude, un tel portrait n’est pas flatteur, mais DESTINITY peut être fier du sien pour la simple et bonne raison que grâce à Resolve In Crimson, ces mecs ont su provoquer en moi un retour de flamme. Fatigué, lassé, éreinté par des sorties toujours plus redondantes, j’ai abandonné le style avec autant de courage que Francesco Schettino a abandonné le Costa Concordia. Avant d’être forcé à me repentir. Je n’ai pas été particulièrement ébloui par la vivacité de l’album, par ses cavalcades rythmiques, par cette frénésie propre au Thrash Metal parce que c’était téléphoné. Par contre, j’ai trouvé qu’il y avait quelque chose de vibrant au cœur de cet ouvrage, quelque chose qu’on trouve rarement ailleurs : une identité. Les refrains sont vraiment simplistes mais accrocheurs (« Black Sun Rising »), idem pour la musicalité qui jaillit de guitares à première vue rugueuses et intransigeantes. Il y a également beaucoup d’arrangements qui trahissent un passé un peu sympho et là, je ne peux pas ne pas invoquer l’ambiance de feu d’un « Aiming A Fist In Enmity » qui va jusqu’à chatouiller l’organe le plus épique d’un AMON AMARTH. Au-dessus de ça, Mick plane dans un registre vocal pas forcément inédit mais toujours aussi in-your-face. Des intonations plus claires ainsi que la participation de Stéphane Buriez sur « A Scent Of Scorn » viennent élargir le champ des combinaisons possibles et ça profite forcément à un album déjà varié et charnu comme celui-là.

Si la maxime populaire dit que le plat du pied, c’est la sécurité, j’ai tendance à penser qu’aujourd’hui, DESTINITY a tenté avec succès un geste zlatanesque. Le meilleur technicien de ce championnat très fermé a fait parler la poudre et son album résonne définitivement comme un coup de canon dans le ciel de Gerland. On l’oubliera certainement très vite, parce qu’après tout, le monde ne s’est pas arrêté de tourner le jour de sa sortie. Mais sur l’instant, il n’y a qu’un feeling qui prime : l’admiration. Ah oui, j’oubliais, pour ceux qui ne parlent pas footix : cet album est superbe, n’en perdez pas une miette.