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QUEEN (uk) - A Night At The Opera (1975)






Label : EMI
Sortie du Scud : 21 Novembre 1975
Pays : Angleterre
Genre : Rock
Type : Album
Playtime : 12 Titres - 43 Mins





Peu d'albums dans l'histoire du Rock peuvent se vanter d'avoir synthétisé des décennies de culture musicale en moins d'une heure. Encore moins peuvent se targuer d'être passé du coq à l'âne, d'avoir abordé tous les styles sans paraître disparates et incohérents. Réfléchissons un instant aux disques susceptibles de correspondre à cette description. Mais même après mûre réflexion, seule une poignée de titres émergent de la mémoire collective et remplissent toutes les conditions énoncées. Des noms ? The Beatles bien sûr, qui a su passer de la Pop au Folk en picking, inventer le Heavy Metal, sombrer dans l'avant garde, la berceuse pour enfants, le Ska, et même pourquoi pas anticiper le Grunge ("Yer Blues"), ou l'alternatif lubrique ("Why Dont We Do It In The Road"). Goodbye Yellow Brick Road évidemment, tour à tour Hard Rock, Twist, Country, Pop, Progressif, Vintage et piano déchaîné à la Jerry Lee. Peut être même The Wall de Waters qui s'est beaucoup amusé avec sa paranoïa pour revisiter un certain nombre de cartes postales musicales avec brio, sans toutefois attendre la diversité des deux sus nommés. Mais en dehors des doubles volumes de Lennon/McCartney & co et du duo Taupin/John, je ne vois guère qu'une seule œuvre susceptible de les rejoindre au panthéon des disques boursouflés, définitifs, et aussi prétentieux qu'indispensables. Et le pire, c'est qu'il se paie le luxe d'être simple. Mais plus coûteux sans doute que les deux autres réunis.

Son nom ? A Night at the Opera de QUEEN.

QUEEN, fantasme improbable d'un jeune apatride de Zanzibar, projection en cinémascope de délires égocentriques, cible de toutes les railleries, moqueries, et quolibets de rock-critics incapables de déceler à temps le génie même s'il leur bouffait le nez. Fierté de l'Angleterre victorienne au même titre que la grande Reine au chapeau, le groupe qui a réhabilité la moustache touffue et bravé le ridicule du port de sabots en concert, qui a inspiré à Georges Michael son amour pour les shorts moulants, s'est approprié le séculaire "God Save The Queen" pour laisser son chanteur parader en lamé avec cape frappé du sceau de l'Union Jack à chaque clôture de concert… Plus qu'un groupe, QUEEN était le mouton noir de la famille, le quartette qu'on adorait détester mais qu'on écoutait en cachette parce qu'il était plus grand que tout le monde, parce qu'il osait tout, et qu'il affrontait le pathétique pour le transformer en sublime. Quel autre ensemble à pu, en l'espace d'une courte carrière, descendre aussi bas qu'une illustration risible de comic-book flanqué d'un éclair rouge et monter aussi haut que nécessite la réalisation d'un chef d'œuvre intemporel que tout le monde cite en référence ?
Qui peut se targuer d'avoir coupé l'herbe sous le pied des immortels Fab Four pour voir son 45 tours phare devenir la chanson préférée de tout un peuple ? Et qui, dans toute cette faune de pseudo brailleurs actuels peut encore rêver d'approcher le talent vocal inestimable d'un artiste qui aura chanté jusqu'à en mourir, qui aura jeté ses dernières forces dans la bataille sans se plaindre, pour finalement, affronter la mort en face lors d'une ultime chanson testament qui le voyait assumer sa fin et ses conséquences en signant un dernier chef d'œuvre ?

Personne.

Mais QUEEN, au delà du talent incommensurable de son leader, c'était aussi une combinaison imparable de talents individuels, qui une fois associés provoquaient une alchimie qui tenait de la magie pure, comme ils le chanteront d'ailleurs dans les années 80 en parlant d'un immortel coupeur de têtes. Certes, leur début de carrière ressemblait étrangement à celui de SUPERTRAMP, le talent en plus. Deux albums éponymes, remarqués, mais pas forcément acclamés, et puis soudain, la réalisation des capacités de chacun, et le point de départ d'une légende qui ne se ternirait presque jamais.
Il faut dire qu'en rajoutant à l'immense Freddy Mercury un guitariste aussi mélodique, inventif et doué que Brian May, un batteur au style Bonhamien, à la voix et gueule d'ange comme Roger Taylor, et un bassiste discret mais précis et précieux comme John Deacon, ça avait de quoi faire rougir même LED ZEPPELIN, en lui opposant son versant positif et exubérant. Telle est l'histoire, et personne ne pourra la réécrire. Pas de révisionnisme ici, des faits.

Des faits, en voici. Après le succès de Sheer Heart Attack (deux hits, numéro 1 UK et certifié Or aux USA), QUEEN et EMI, son label colonialiste, savaient qu'il fallait frapper un grand coup. Cet album avait révélé au monde médusé un groupe capable d'accoucher de tubes immédiats, de morceaux ambitieux aux couches de guitares empilées par dizaines, aux chœurs grandioses, mais il manquait encore quelque chose. Ok, "Killer Queen", "Now I'm Here" et "Stone Cold Crazy" (que METALLICA métalliserait encore plus un peu plus tard) étaient de solides tubes, la variété était de mise, mais Freddy et son public en voulaient plus. Plus d'emphase, plus de mélodies, plus de morgue.

Pour ça, il fallait se la jouer BEATLES pour Sergent Pepper, ou Brian Wilson pour Pet Sounds. Accumuler les heures de travail, se dépasser, dépenser un maximum de budget et prendre son temps et son espace, pour enfin dépasser le simple stade d'attraction montante et devenir en quelque sorte, LE groupe des 70's, au moins l'espace d'un instant.
Alors les membres de QUEEN ont fait confiance à leurs deux leaders. Qui n'avaient pas l'intention de se la jouer profil bas. Un exemple ? La liste des studios utilisés pour l'enregistrement. Jugez du peu, Coach Studio, Lansdowne Studios, Olympic Sound Studios, Quad Studio, Roundhouse Studio, Scorpio Sound Studio, Sound and Recording Mobiles, Trident Studios, pas moins de huit studios pour à peine quarante minutes de musique. Des heures et des heures passées à chercher l'arrangement idéal, à stratifier les backing vocals pour donner à l'ensemble l'envergure d'une symphonie, à couvrir le plus de terrain possible, en gros, à dépasser toutes les limites humaines.

Pour ça, le groupe s'associa à Roy Thomas Baker, responsable d'environ cinquante pour cent de la production. Le reste fut réparti entre Freddy (25%), Brian, Roger et John. Les quatre musiciens jouèrent bien sur de leur instrument de prédilection, mais échangèrent parfois les rôles, et Freddy et Brian offrirent même la partie lead vocal à Roger ("I'm in Love with my Car"), qui joua aussi de la guitare rythmique, tandis que Brian se saisit d'une harpe, d'un ukulélé, ou d'un simple piano. John chipa même les ivoires de Freddy sur son intime "You're My Best Friend". En gros, tout était permis, pour la simple et bonne raison que cet album était décisif pour la carrière du groupe. Soit le succès massif était au rendez vous, soit QUEEN n'était plus dixit May quelques années plus tard.

Beaucoup ont vu en A Night at the Opera, la version Queenesque du pavé IV de LED ZEP. Peut être est ce du à deux morceaux légendaires et ambitieux, à cette façon de brosser un tableau exhaustif du paysage musical de leur époque, ou a cette volonté d'affirmer "C'est nous". Tout cela à la fois. Mais ce qui est sûr, c'est que ce quatrième album studio des anglais (autre correspondance) fut le plus beau cadeau de Noël dont les anglais pouvaient rêver. Douze titres, les douze coups de minuit, et QUEEN devenait enfin la reine sans pantoufle de vair que Freddy avait toujours rêvé d'incarner.

Comme le dira Mojo, A Night at the Opera était "une extravagance impériale, une corne d'abondance, l'œuvre d'un groupe d'individualités affamées en compétition, se nourrissant d'amitié et de plaisir". Et après des heures passées à lire l'histoire de cet album sur le net, je n'ai pas pu trouver plus bel hommage. Tout était là en effet, dans des proportions énormes, du proto Hard Rock en fusion jusqu'à la grandiloquence biblique en passant par le vaudeville, le music-hall, la Pop sucrée et la fantaisie progressive sans pareille. Ce qu'on peut retenir de ce disque, c'est qu'il était complet, parfait de bout en bout, et né de la collaboration d'artistes au sommet de leur art. Mais pour l'heure, parlons en plus en détail, et commençons pas en évacuer certaines anecdotes, vraies ou fausses, en partant du plat de résistance de l'album.

Non, "Bohemian Rhapsody" ne compte pas 180 pistes d'overdubs vocaux, mais juste une vingtaine. Elle n'a jamais duré huit minutes, mais bien cinq minutes et cinquante cinq secondes, comme sa version finale. Oui, Brian, Roger et John en parlait bien comme "du truc à Freddy" lorsqu'elle n'avait pas encore de titre. Oui, grâce au headbanging automobile de Garth et Wayne, cette chanson est remontée numéro deux des charts US après la sortie de Wayne's World. Six studios furent utilisés pour l'enregistrer, ce qui fit grimper la note de l'album à des hauteurs astronomiques.
Mais laissons Brian May nous en résumer la conception et la portée :

"C'était un très bon moment, mais la plus grande stimulation était d'abord de créer la musique. Je me rappelle de Freddie qui débarquait avec des tonnes de bouts de papier qu'il avait piqués au travail de son père… Il jouait du piano comme les batteurs ! Et sa chanson avait des tonnes de blancs qu'il disait vouloir remplir de parties d'opéra… Il avait toutes les mélodies dans sa tête".

On a tout dit, ou presque sur ce morceau, du désir des labels anglais et américain de la raccourcir (ce qui arriva en fait en France, où un single édité par Deacon d'un peu plus de trois minutes sortit), que ses paroles cryptiques évoquaient la prise de conscience de la bisexualité de Mercury, qu'elle était un pastiche étonnant et malin du "Hungarian Rhapsody" de Franz Liszt, et que ses "Mamma Mia" répétés à l'envie avaient fini par attirer le single du même nom d'ABBA, qui délogea le titre du haut des classements. Certes, c'est un chef d'œuvre, certes, elle finit numéro 1 au classement Guinness du morceau préféré des anglais (devant "Imagine" et "Hey Jude", excusez du peu), mais beaucoup trop de monde la considère comme le sommet de l'album, et comme le véritable visage de Freddie.

La première affirmation est un insulte envers le reste du disque, d'aussi bonne qualité. Et la seconde est une infamie. Certes, "Bohemian Rhapsody" est une facette importante du chanteur, le côté de sa personnalité qui désirait vraiment devenir le plus grand chanteur/compositeur de tous les temps, le mégalomane attachant qui traversait la scène avec son mini pied de micro comme un roi. Mais Freddy - et ce disque le prouve de manière flagrante – c'était aussi l'émotion à fleur de peau, l'esprit gentiment gouailleur, l'amuseur public et le sensible privé. Et si la partie orchestrale n'avait rien à envier à la montée orgasmique de "A Day in the Life" de Lennon/McCartney, je pense que l'essentiel se trouve dans sa partie finale, apaisée, comme le calme après la tempête, et son "Any way the wind blows" presque chuchoté dans un dernier souffle. Car rien n'est important au final…
Certes, "Bohemian" n'avait rien à envier à "Stariway To Heaven". Certes, elle justifiait par son énormité assumée les soixante dix heures de studio nécessaires à l'enregistrement de sa partie vocale. Certes, Roger Taylor atteignit la fréquence suraiguë de 932.33 Hertz dans les chœurs.

Mais qu'en était il du reste ?

A Night at the Opera n'était en effet pas qu'un écrin pour cette chanson légendaire, mais bien un album magistral contenant onze classiques et une relecture noble en cadeau.
En parlant Hard Rock – nous sommes en partie là pour ça après tout – le groupe prit grand soin de décocher quelques salves électriques ne faisant planer aucune ambiguïté sur leur caractère foncièrement Rock. Dangereusement, mais à dessein, QUEEN les plaça toutes sur la première face du LP, et même en ouverture, ce qui avait de quoi rassurer les fans.

"Death on Two Legs (Dedicated To…)", malgré les trois petits points évasifs de ses parenthèses, n'était rien d'autre qu'une violente diatribe dirigée à l'intention de leur ancien manager, Norman Sheffield. Accusé d'avoir exploité le groupe, celui-ci tint à rétablir la vérité, publia les documents officiels l'ayant lié au groupe, et gagna son procès. Il n'empêche que même infondée et un poil revancharde, cette estocade effilée profitait d'un riff particulièrement vicieux de May, et du chant roublard de Mercury. Entrée en matière étrange, décidant indirectement du caractère si particulier de l'album.
Le très affirmé "I'm in Love With my Car" de Taylor, optait pour un vrai/faux second degré qui fit beaucoup rire Brian May. Ce dernier rit beaucoup moins quand Taylor exigea qu'elle soit en face B du hit "Bohemian", ce qui lui rapporta autant d'argent que Mercury. Les autres en furent fort marris, et optèrent d'ailleurs des années plus tard pour un partage égal des gains, source de conflits permanente. En sus de son énorme partie de batterie, Taylor joua aussi de la guitare rythmique, s'adjugea le chant, laissant Freddie seul avec son piano. Dédié à l'un des roadies du groupe, John Harris dont la Triumph TR4 était d'évidence l'amour de sa vie. Autre anecdote, c'est la petite Alfa Romeo de Taylor qui bruite le morceau, lui même brut de décoffrage, et peut être plus pompeux dans le fond que le fameux hymne de Mercury. Rock. Pomp, mais Rock.

Pour compléter le tableau, May ne pouvait pas être en reste et se lâcha sur le très classique "Sweet Lady", qui galope sur un rythme en ¾ que Taylor nota comme la partie la plus difficile de l'album. Rien de notable à propos de ce morceau, sinon que c'est le genre de liberté Rock que May affectionne de temps en temps et qui permet d'aérer un LP déjà bien chargé.

Sans vraiment appartenir au monde du Hard Rock, le pavé monumental "The Prophet's Song" et son délire mystico-scifi-biblique s'étalant sur plus de huit minutes n'a pas du tomber dans une oreille Steve Harris de sourd. Gageons que le leader d'IRON MAIDEN a souvent du rabâcher ce périple christique dans sa tête avant de composer les digressions les plus étirées de son groupe, tant la grandiloquence, la richesse des arrangements et des chœurs sentent bon le MAIDEN de fin de face.
May lui même, sans doute en sueur et en transe, l'a imaginée après un rêve qu'il fit sur le grand déluge qui poussa Noé à construire son arche sous le conseil du grand barbu. Alors qu'une rumeur tenace fit croire que ce titre avait déjà été enregistré en démo pour Queen II, il n'en est rien, et elle n'émergea du cerveau fécond de Brian que pour A Night.

Triplée avec "I'm in Love With my Car" et "Bohemian Rhapsody", elle forme un triptyque monstrueusement pompeux, et phagocyte presque toute l'attention. Les trois pièces évaluées témoignent de l'immense rivalité des musiciens, qui rivalisaient alors d'ingéniosité et de prétention pour attirer l'attention. Mais comment leur en vouloir après tout ?

Parce qu'au bout du compte, il se faisaient presque voler la vedette par leur petit bassiste frisé.

John Deacon offrit en effet une pépite à son leader de chanteur. Une perle Pop de toute beauté, faussement simple et naïve, mais réellement magnifique, "You're My Best Friend". Le texte n'était bien évidemment pas dédié à son impétueux chanteur, mais à sa femme, avec qui il partageait une vie simple et tranquille. John voulait que Freddy la joue sur un Rhodes, mais Mercury détestait cet instrument dont il trouvait l'utilisation ridicule lorsqu'on possédait un "vrai" piano. Alors un peu chafouin, Deacon embarqua la chose à domicile, apprit à en jouer, et interpréta sa partie en studio, laissant le chant à son collègue.
Etrangement, et le temps passant, c'est ce morceau aussi limpide que profond qui supporte le mieux le test du temps. Et finalement, même si "God Only Knows" restera toujours la plus belle chanson d'amour jamais écrite, "You're My Best Friend" n'a pas grand chose à lui envier, tout simplement parce qu'elle traduit le plus intime des sentiments de la façon la plus honnête et sincère.

Le "Love of my Life" de Mercury en est sans doute le plus parfait pendant lacrymal. Le genre de thématique dramatique que Mercury adorait, et qui lui permettait tous les exploits vocaux. A tel point que lorsque le groupe remontera sur scène avec Paul Rodgers, ce dernier admettra que c'était peut être la plus personnelle de son auteur et la plus difficile à interpréter. Une mélodie simple, agrémentée d'arrangements et de chœurs riches, elle fut composée elle aussi pour une femme, l'ex de Mercury, Mary Austin, qu'il quitta après lui avoir avoué sa bisexualité. Cette rupture l'affecta profondément, mais permit à May de s'essayer à la harpe et d'en offrir une partie superbe, mais aussi de signer un des soli les plus touchants de sa carrière. Depuis, il chante souvent ce titre en live, et comme McCartney lorsqu'il s'abandonne dans "Hey Jude" pense à John Lennon, le souvenir de son défunt ami provoque une intense émotion chez lui.

Mais Mercury n'était pas que grandiloquence et larmes. Il savait aussi être léger, s'amuser, et le prouve une fois de plus en s'adonnant aux joies du music-hall. De fait, il nous offrait alors deux numéros hauts en couleurs, "Seaside Rendez Vous" et "Good Company".
La première et la plus notable, voyait Mercury et Taylor sonoriser un numéro de claquettes en tapant des doigts sur la table de mixage. Mais le véritable tour de force de ce morceau, était d'offrir après seulement cinquante secondes une partie instrumentale entièrement produite à la bouche par nos deux compères. Et tout y passait, la clarinette, le kazoo, le tuba, la trompette, sans oublier la note la plus aigue de l'album, produite non par Freddie mais encore une fois par Roger, à 1046.50 Hertz, qui lui fit dire qu'il avait une voix de chien…
A la lumière de ce morceau, le rapprochement entre Paul McCartney et Freddie était encore plus évident. Les deux compositeurs surdoués, certainement sous l'influence de leur père, aimaient beaucoup le style musical d'avant guerre, et en truffaient leurs albums ("Magneto and Titanium Man", "You Gave Me The Answer", "When I'm 64", "Honey Pie", les exemples pour Paulo ne manquent pas…), mais faisaient aussi preuve de la même versatilité, capables de passer d'un extrême à l'autre ("Death On Two Legs" et "Love of my Life" pour Mercury, "Helter Skelter" et "I Will" pour McCartney), avec une facilité déconcertante et il faut l'avouer, un peu écœurante…

"Lazing On A Sunday Afternoon”, dernière perle de Freddie, n'était rien de moins qu'un délice dominical, avec son texte court et ses vocaux enregistrés puis filtrés à travers un casque posé sur un seau métallique.

Mais au bout du compte, les années passant, si je ne devais garder qu'un seul morceau de cet album, ce serait sans hésitation aucune le splendide "‘39", qui à chaque écoute me fait dresser les poils et pointer les larmes aux yeux.
Décrite par son auteur/compositeur comme une chanson de science fiction folk, elle décrit le voyage d'un astronaute aux confins de la galaxie, et son retour au bout d'un an de son temps, alors qu'un siècle s'est écoulé sur terre. Il a perdu sa famille, sa femme, et l'émotion est parfaitement retranscrite par ces accords mineurs joués sur une guitare acoustique, et par ce chant tranquille a peine perturbé par une énième prouesse vocale de Taylor (qui refusa de jouer la note exacte, qui fut accélérée en post prod). C'est peut être l'achèvement global d'un guitariste aussi discret et humble que talentueux, et peut être aussi – je dis bien peut être – la plus belle chanson du groupe sur l'intégralité d'une carrière…
Elle fut chantée à capella en hommage aux Marx Brothers, puisque le titre du disque était aussi celui de l'un de leurs films, ainsi que le suivant, A Day at the Races.
Et je ne suis pas le seul à avoir cette préférence, puisque George Michael lui même (qui interpréta le morceau lors du Freddie Mercury Tribute Concert) a avoué qu'il s'agissait de son morceau préféré de QUEEN, l'adoubant au passage et rendant un grand hommage à ce guitariste unique qu'est Brian May. Et je pense que grâce à ce moment de beauté pure, on peut enfin lui pardonner d'avoir porté des sabots sur scène…

Comme je le disais plus tôt, le destin du groupe dépendait de l'accueil réservé par le public à A Night at the Opera. Terriblement stressés, mais confiants en la qualité de leur album, Freddie, Brian, John et Roger virent les ventes de celui ci exploser. Il devient leur plus gros succès US, et grimpa de suite à la quatrième place du Billboard, tandis que leur pays natal les honorait d'une première place méritée. Il s'en vendit des palettes entières, et plaça le groupe sur orbite, à la grande joie de May, fan d'astrophysique. Stephen Thomas Erlewine le qualifia sur Allmusic de "Chef d'œuvre du Hard Rock surgonflé et consciemment ridicule", tandis que le Winnipeg Free Press décrivit QUEEN en ces termes : Le potentiel du groupe parait sans limites. Il indique finalement que QUEEN à pris sa place dans la caste très restreinte des véritables artistes majeurs de son époque."

Et si Freddie se demandait encore en 1975 s'il rêvait ou si tout cela était réel, la mort finit par le rattraper un sale jour d'automne, le 24 novembre 1991, seize ans plus tard, presque jour pour jour. Il avait alors encore beaucoup à donner à 45 ans… Mais en 1975, lorsque A Night at the Opera sortit, ce fut un Noël grandiose, un Noël de roi, et de reine.
Ce fut le Noël de QUEEN, le jour où le groupe devint le plus grand spectacle du monde. Et rien n'a changé aujourd'hui.

"I'm just a poor boy and nobody loves me"

C'est l'heure de "Bohemian Rhapsody" les amis ?



Ajouté :  Vendredi 06 Février 2015
Chroniqueur :  Mortne2001
Score :
Lien en relation:  Queen Website
Hits: 5778
  
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