« - Bonjour monsieur, j’aurai voulu une bonne compression bien grasse pour ma guitare, s’il vous plait.
- Oui, j’ai.
- Si vous pouviez aussi m’ajouter une basse bien lourde.
- C’est dans le sac. Il vous fallait autre chose ?
- Oui, quelque chose de suffisamment lourd pour que la pesanteur ait un double effet.
- Je pense en avoir en réserve. Et ?
- Euh, je ne sais pas. Une chanteuse en string ?
- Ah non, désolé, je n’en ai plus. »
CORTEZ nous vient de Boston et arrive pour nous chatouiller les esgourdes avec leur Stoner efficace. Leur premier effort, Thunder In A Forgotten Town, aligne six titres, tous dans la même veine, pour nous démontrer tout leur potentiel. Et, de potentiel, ce jeune groupe n’en manque pas. La compression vrombit dans les enceintes, doublée par une basse pas plus légère. La batterie est assez minimaliste, à la limite parfois de déraper sur sa partition, mais cela fait aussi partie du charme de ce style plus crasseux que certains autres. Le tempo des morceaux est assez lent, ce qui ajoute à la lourdeur générale qui se dégage du disque. On a bien une hausse dans « Lost Control », mais cela ne va chercher bien loin non plus, juste de quoi accentuer le côté Rock’N’Roll. L’intro de « What Have You Done? » aux toms donne un caractère un rien tribal au morceau.
Il est difficile d’isoler des plages de ce Thunder In A Forgotten Town. On trouve soit que tous les morceaux sont plutôt bons, soit ils vont tous nous faire chier. On a donc une forte homogénéité, qui prend la place de l’originalité. C’est un choix. Mais je le trouve, pour ce six titres, assez judicieux. Le groupe peut maintenant se faire connaître et embrayer sur la suite.
Ceux qui apprécient le Stoner pur et dur devraient s’y retrouver. Les autres découvriront peut-être une musique acide qu’ils ne connaissent pas bien. En tous cas, le voyage se fait sans heurts, à défaut de transcender.